La classe inversée : nouvelle mode ou vraie bonne idée ?

« Ah oui, la classe inversée c’est quand on met tous les bureaux et toutes les chaises au plafond ! »

Mais non, la classe inversée c’est quand on tourne le dos au tableau !

N’importe quoi, la class inversée c’est quand ce sont les élèves qui font le cours aux profs ! »

Et bien non, rien de tout cela même si cela pourrait être drôle d’aller à l’école dans ces conditions.

 

La classe inversée est une nouvelle méthode pédagogique qui commence à se diffuser en France et qui consiste à « inverser » les temps d’apprentissage. L’idée est la suivante : au lieu d’aller en classe pour recevoir un cours et le soir, de retour à la maison d’en faire les différentes applications (exercices, TP …) on fait l’inverse : on prend connaissance du cours tranquillement chez soi et le lendemain, en classe, on travaille de façon concrète sur ces connaissances.

Appelé Flipped classroom aux Etats Unis, elle a été développée par Eric Mazur, professeur de physique à Harvard au début des années 90. Cette nouvelle approche de l’enseignement peut être utilisée à n’importe quel niveau d’enseignement (école primaire à université) et toutes les matières peuvent faire l’objet d’une classe inversée.

Voici un petit schéma très clair tiré du site : http://www.classeinversee.com

classe inversée

www.classe-inversse.com

L’idée de classe inversée part du constat suivant :

Depuis toujours, la transmission du savoir s’appuie sur une tradition orale qui à l’heure des nouvelles technologies peut sembler dépassée pour nos enfants ultra connectés qui sont de moins en moins enclins à rester assis sur une chaise sans pouvoir interagir. On peut le déplorer mais ainsi va le monde …

Fini le temps des cours magistraux où le sachant (le professeur) diffuse son précieux savoir auprès d’oreilles plus ou moins attentives. Aujourd’hui, grâce au développement des nouvelles technologies, chacun d’entre nous peut suivre un cours de La Sorbonne ou de Normale Sup grâce aux MOOC (Massive Open Online Course) et la Khan Academy avec ses 2.200 leçons principalement axées sur les maths a pour ambition de «  fournir un enseignement de grande qualité à tous, partout «.

Passer son temps de présence en classe à noter des leçons ou des cours peut donc apparaitre comme du temps perdu.

La diffusion du savoir s’est radicalement transformée et il est donc urgent de réfléchir à ce nouvel environnement et adapter l’enseignement à l’école. Ainsi en choisissant la classe inversée, l’enseignant met à la disposition de ses élèves un contenu numérique (capsules vidéos, lecture de documents, visites virtuelles de sites) destiné à être visionné à la maison.

Cela suppose effectivement que chaque élève dispose d’une tablette ou d’un ordinateur bien sûr. Il y a quelques jours, le Président de la République promettait des tablettes à l’ensemble des collégiens pour 2015. N’oublions pas que le taux d’équipement d’ordinateur est déjà de 85% en France (source CREDOC).

Ce contenu doit être une véritable construction de cours pour l’enseignant. Cela lui demandera sans doute au début un gros travail mais cet investissement sera rapidement récompensé par une attitude plus positive de ses élèves. En classe, on utilisera le temps disponible pour du travail explicatif, créatif et pour développer des projets en petits groupe.

Beaucoup d’avantages pour cette nouvelle méthode :

  • Chaque élève peut passer le temps qu’il lui faut pour apprendre sa leçon, parfois à l’école, certains ont besoin de plus de temps pour assimiler et n’osent pas le dire de peur de retarder les autres,
  • Les élèves sont pleinement actifs dans leur apprentissage et peuvent interagir avec leur professeur, ce qui rend l’ambiance de classe plus agréable. Les élèves sont en général moins stressés et on constate souvent que les problèmes de discipline deviennent plus rares.
  • En exportant la lecture du cours et en favorisant les travaux de groupe pendant les heures de classe, les élèves développent leur sens critique, leur esprit de synthèse, leur créativité et leur sens de l’organisation.
  • Tout en assimilant le savoir, ils apprennent les relations humaines, l’esprit de coopération, l’aide et le partage, autant de compétences qu’il faut développer dès le plus jeune âge.

Cette nouvelle pédagogie a de plus en plus d’adeptes en France et on constate un nombre grandissant de classes qui expérimentent le concept. Après une période d’adaptation plus ou moins longue, les acteurs de ces classes nouvelles générations sont dans la grande majorité ravis de l’expérience et ne veulent surtout pas revenir à un schéma traditionnel. Sans pour autant prétendre régler tous les problèmes liés à l’apprentissage et jeter aux orties nos bonnes vieilles méthodes éducatives, il est important de temps en temps de modifier l’ordre des choses … pour parfois mieux les voir à l’envers !

 

Béatrice PINAULT, pour l’association Oze

www.oze-coaching.fr

www.art-de-vivre-en-famille.fr