Écouter l’enfant et sa peur, qu’est-ce-que c’est?

Accueillir sans pour autant valider.
Recueillir la parole, sa parole, ses mots, ses maux.
Parce que ce qu’il vit n’appartient qu’à lui. La sensation qui est sienne, liée à la douleur de son corps, dans son corps est un signal dont il doit apprendre petit à petit à saisir le sens.
Lui dire que « ce n’est rien » quand il souffre ou « qu’il n’a aucune raison d’avoir peur » c’est dénier sa nature psycho-corporelle. C’est le dénier en tant que Sujet éprouvant dans sa chair, le dénier en tant qu’auteur de son existence biologique, dénier sa responsabilité de sujet éprouvant une sensation.
Et vouloir lui épargner sa douleur, parce qu’il est lui mon enfant chéri, lui ôter sa part intime blessée, ce qu’il vit sous sa peau et qui ne peut être senti que par lui, c’est fusionner mon territoire de parent et son territoire d’enfant, c’est une fois de plus nier son individualité, sa distinction.

Comment l’aider à se construire, s’identifier?

En respectant sa nature et en le conduisant à grandir avec cette nature qui est sienne et qui peut éprouver dans sa chair la peur, la colère, la tristesse : aider notre progéniture à nommer ce qu’elle vit là dans l’ici et maintenant sous le coup de l’émotion.
La peur est l’émotion racine, liée à notre humanité et à l’origine depuis la nuit des temps de la survie des espèces. Elle permet de fuir, éviter un danger et se retrouver en sécurité. Aidons notre enfant à la reconnaître lorsqu’elle s’impose à lui par ses signaux corporels, ses troubles, son inconfort, dans une situation qui le met à l’épreuve. Accompagnons le pour la mise en mots de ses maux. Apprenons lui à saisir cette émotion originelle non pour la bannir, mais pour rester ancrer dans la réalité et trouver des ressources en lui pour « faire avec ». Permettons lui de devenir acteur, moteur de sa propre vie. Sa peur le mobilise, lui permet de lui rappeler combien il est vivant, présent à lui-même. Elle lui permet d’agir ou de réagir pour gagner de la valeur existentielle, structurelle. La peur lui donne la possibilité de se mettre en mouvement ou à l’abri.

Rassurer un enfant qui a peur revient à entretenir sa peur en lui donnant raison d’avoir peur, en validant et donc en l’enfermant dans son propre système. Lui proposer des solutions extérieures qui ne viendraient pas de lui, c’est le mettre dans une situation de dépendance à l’égard d’autrui. Mais l’aider à accueillir ce qu’il vit, c’est lui montrer qu’il peut être capable d’agir avec cette conscience corporelle de sa faillibilité d’humain. Il peut trouver sa force et sa vitalité en lui seul.

Par ailleurs, dépasser sa douleur en lien avec la peur, la combattre ou l’écraser, l’occulter ou la terrasser, c’est l’attiser autrement, en l’alimentant par des sentiments de toute-puissance qui font écho à l’impuissance sous-jacente. Être fort ce n’est pas abolir sa peur mais agir en pleine conscience et se voir capable d’avancer avec elle sur le chemin de la vie, de l’existence semée d’embûches.

Élevons nos enfants dans ce sens afin qu’ils deviennent des adultes libres de penser, d’agir, de choisir et de se réaliser.

Claire de Boisgrollier,

Psycho praticienne en Logique Émotionnelle et mère de 3 enfants.

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