Allergie alimentaire : une éducation différente ?

Il faut déjà poser l’équation du problème. Un enfant atteint d’allergie alimentaire peut n’avoir que quelques plaques d’eczéma ici et là. Dans ce cas, la question de l’éducation différente n’a pas de grande raison d’être.

Dans cet article, je parle de notre vécu, avec un enfant véritablement en danger dès qu’il mangeait un aliment contenant de l’œuf. Je ne m’attarderai pas sur le « Ce n’est pas si grave, faut pas exagérer », déjà expliqué dans un article précédent.

La différence repose à mon sens sur deux éléments : l’interdiction formelle de se servir à manger seul et la notion de partage avec les autres camarades.

L’interdiction de manger seul

On peut se dire que cette interdiction vaut pour tout enfant, allergique ou non. Cependant, vous avez déjà dû voir, tout comme moi, des enfants braver l’interdit, désobéir à leurs parents.

L’enfant allergique doit pouvoir faire la différence entre un interdit par éducation, par principe, et un interdit pour préserver sa bonne santé, voire sa vie. Il doit savoir que c’est aussi dangereux que de monter sur le bord de la fenêtre par exemple. Le parent doit veiller de près et enseigner ce danger à son enfant. Il doit être capable de refuser un aliment qu’un adulte non-référent lui tend. Il doit d’ailleurs apprendre qui sont les adultes qui connaissent son allergie alimentaire pour savoir à qui il peut faire confiance. Cela peut paraître beaucoup demander aux plus jeunes, mais ils sont justement très impressionnants.

À deux ans et demi, mon fils, Nicolas, demandait : « Y a pas d’zeu dedans ? » quand on lui donnait quelque chose. Les enfants ont plus de capacités qu’on ne le croit.

Ne pas pouvoir partager

Quant à la notion de partage, c’est une notion délicate. Les enfants allergiques ont le droit de donner, mais pas de recevoir. Les enfants adorent échanger leurs goûters avec leurs copains. Nicolas ne devait en aucun cas accepter le goûter de ses camarades. Et s’il en donnait, il n’avait plus grand-chose à manger. Alors, que faire ?

Expliquer ! Expliquer aux professeurs, expliquer aux autres enfants. Il existe d’ailleurs des livres pour enfants extrêmement bien réalisés. Mes préférés sont « Les œufs n’aiment pas Margaux » et « Allergique, comme Clara ». Nous les avons prêtés au professeur que Nicolas a eu, chaque année de maternelle. Cela a servi de support pour expliquer son allergie alimentaire à toute la classe. Les enfants étant tous au courant, il n’y avait plus de risque de suspicion d’un enfant égoïste et non partageur.

La différence avec les frères et sœurs

Dans l’éducation, au sein de la famille, nous avons dû gérer un troisième point qui concernait nos deux enfants. Nicolas est le plus âgé. Quand tout est « normal », le plus âgé grandissant, il a, un beau jour, le droit de faire de nouvelles choses que le plus jeune n’a pas encore le droit de faire.

Dans notre cas, Nicolas grandissait et n’avait toujours pas le droit de manger certaines choses contenant des œufs. Sa sœur, Émilie, arrivée deux ans plus tard, grandissait elle aussi et accédait au plaisir de goûter de nouvelles saveurs. À un moment donné, Nicolas pouvait se sentir frustré de ne pas avoir le droit de faire les mêmes choses que sa sœur. La situation et l’ordre des choses se renversaient par moment. Là encore, communication et explication sont impératives. Ce n’est pas un nouveau droit dû à l’âge uniquement. Et lorsque nous entendions

  • « Oui, mais quand je serai plus grand, j’aurai le droit, hein ? »

Tout ce que nous pouvions dire, c’est qu’on l’espérait, mais que nous ne pouvions pas en être sûrs. Ce sont des moments déchirant dans mes souvenirs.

Nous ne pouvions pas non plus refuser de nouveaux aliments à Émilie par peur de narguer Nicolas. Cela n’avait pas de sens. Ce sont autant de réflexions que de situations vécues qui m’ont poussé à aller fouiller sur le Net pour trouver des réponses, des témoignages. J’ai voulu partager, à mon tour, ce que j’ai vécu, mes interrogations, mes états d’âme pour que d’autres parents se sentent moins seuls dans l’aventure de l’allergie alimentaire.

Vous trouverez ainsi le récit de notre quotidien, mais aussi des informations pratiques dans mon livre « Alergikozeu ».

Véronique CASTAYBERT pour l’Association Oze

Retrouvez « Alergikozeu » en suivant ce lien

www.oze-coaching.fr

www.art-de-vivre-en-famille.fr