Et si l’on s’intéressait pour une fois à la naissance du point de vue du bébé ?
C’est ce à quoi Sylvie Prager-Séchaud tente d’accéder en recueillant les mémoires natales et périnatales de ses patients.
Les expériences de vie et les mémoires de naissance
Toutes nos expériences de vie sont inscrites en nous et enregistrées, nous dit-elle. Dans cette perspective, toutes les expériences, de la conception à la naissance, ont laissé en nous dans le corps, le cœur et le cerveau une empreinte dite fondamentale. Le fœtus perçoit beaucoup plus de choses que nous pouvons le croire. Il doit traverser avec succès les étapes et celles-ci constituent un véritable défi. Décider de naitre, s’engager dans l’inconnu, faire le chemin vers la sortie, sortir à son rythme en passant du monde aquatique au monde aérien, s’exposer au monde, se séparer en passant de la fusion totale à une séparation relative et se sentir fier d’avoir survécu à cette épreuve qu’est la naissance. Dans le travail qu’est l’accouchement, il y a bien deux acteurs principaux : la mère mais aussi l’enfant.
La réparation des mémoires traumatiques
Si l’une de ces étapes s’est mal déroulée alors cela sollicite la mémoire traumatique ou crée un certain stress. Ce stress réapparaitra des années plus tard au contact d’éléments déclencheurs parsemant le quotidien.
Au même titre, nous savons aujourd’hui que les problématiques transgénérationnelles nous sont aussi d’une certaine façon transmises.
Loin de vouloir nous culpabiliser ou porter un jugement, Sylvie Prager- Séchaud souhaite que nous prenions conscience de ce qui est à l’œuvre lors de la naissance. Et ainsi tenter de réparer nos mémoires traumatiques. Libérer nos mémoires traumatiques permet de trouver à la fois la paix intérieure et de se libérer de nos peurs.
Les manifestations corporelles et les souffrances psychiques
Suite à de nombreux témoignages, la thérapeute a été frappée par ce que les personnes montrent en termes de manifestations corporelles ou de souffrances psychiques issues de ces mémoires traumatiques. Elles correspondent en réalité à des situations de stress intense. Bien que le désir de voir naitre le bébé était fort, le ressenti reste souvent mitigé pour les principaux intéressés. Au moment de la naissance, beaucoup de personnes ont eu l’impression de ne pas avoir été soutenu ou respecté lors de leur venue au monde. Cela induit dès lors des croyances limitantes sur soi, sur les autres et sur le monde plus ou moins profondément ancrées. Heureusement, les manifestations de cette empreinte fondamentale ne sont pas omniprésentes dans nos vies. Mais se réactivent lors de certaines circonstances.
Pour minimiser le développement de traumas, un contexte positif et bienveillant de la part des parents et de l’équipe médicale est requis. Nous pouvons par exemple encourager le bébé, lui expliquer ce qui se passe et le féliciter. Retarder l’intervention médicale et faire du « peau à peau » est une excellente entrée en matière pour pallier le stress infantile.
A noter que ce travail d’échange avec le bébé peut être initié in utero via notamment la pratique de l’haptonomie.
L’accompagnement thérapeutique
Une fois adulte, au cas où nous serions hantés par nos mémoires de naissance, se faire accompagner par un thérapeute est recommandé.
En effet, lorsqu’il s’agit de mémoires de naissance, nous contactons le fœtus en nous. Le cerveau délivre ce qui peut être délivré au moment présent. Ce sans suivre la chronologie de la naissance à proprement parlé. Le thérapeute fait office de parent bienveillant qui va soutenir et encourager le fœtus. La thérapie EMDR est parfaitement adaptée selon Mme Prager-Séchaud. Les stimulations bilatérales alternées aident à mobiliser les mémoires dysfonctionnelles. Tous les éléments de l’expérience et leur impact sur notre physiologie sont pris en compte.
La naissance est une aventure alors, accompagnons-la.
Meera ALBRECHT pour l’Association OZE
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