La pédagogie est arrivée au point de crisper les esprits. Depuis quelques années, la réinvention du système scolaire fait couler beaucoup d’encre. On ne compte plus les articles, conférences, colloques sur le sujet.
Repenser l’école est en effet indispensable. Pour la simple et bonne raison que la moitié des métiers qu’exerceront nos enfants une fois adulte n’existe pas encore. Il faut apprendre à nos enfants à apprendre et ne pas uniquement leur transmettre les fondamentaux.
Petit tour d’horizon des actions pouvant être mises en œuvre :
Digitaliser la pédagogie
A l’ère du « tout numérique », les enfants ont maintenant accès à l’information très rapidement et par de multiples canaux. Autrement dit, l’enseignant n’est plus la source principale ou unique d’accès à la connaissance.
L’élève peut même avoir une connaissance de sujets d’actualité plus poussée que celle du professeur. On assiste donc à un changement de position entre l’élève et l’enseignant. Ce changement rend souvent pertinent l’introduction des outils digitaux en classe.
- Les réseaux sociaux permettent une interaction plus efficace et active entre les élèves. A l’exemple du Live tweet ou du Haïkus, qui permettent une participation globale de l’ensemble du groupe classe.
- La tablette permet aux élèves de photographier et de filmer facilement des expériences. Ils déposent ensuite, en un clic, leurs documents sur un espace numérique de travail. Ce type de pratiques introduit du lien entre les matières enseignées, et décloisonne les disciplines.
- Les fameuses « classes inversées ». Ces capsules vidéo permettent de découvrir en amont le sujet du cours afin de ne revenir en classe que sur les éléments incompris. Cela permet aussi de travailler en petits groupes en fonction de l’acquisition de la connaissance.
Ces différents exemples nous montrent bien que le numérique est synonyme de co-construction, de collectif et non une invitation à plus d’individualité.
Il faut néanmoins être attentif à distinguer les outils numériques qui reprennent un format très classique d’enseignement (les MOOC par exemple, où un sachant délivre son savoir de manière unilatérale), des réelles innovations digitales.
Abolir les classes ou les niveaux
- Plutôt que de regrouper les enfants systématiquement par âge, on pourrait créer des groupes en fonction de l’évolution des apprentissages des élèves. Dans cette idée, chacun atteindra le même but mais à des rythmes différents. Le programme académique ne serait donc pas respecté à tout prix.
- Dans la continuité, le système de notation actuelle serait caduc. Il pourrait être remplacé par des badges ou des ceintures, signifiant l’acquisition d’une connaissance ou d’une compétence, l’enfant changeant de groupe une fois l’ensemble des acquis obtenus. Ceci pourrait même représenter un système plus sévère d’évaluation, dans le sens où on ne moyennerait pas l’ensemble des notes obtenues, afin de ne pas compenser des faiblesses dans une matière par des facilités dans d’autres.
- Poussé à l’extrême, ce concept verrait la suppression de l’adulte dans son rôle de professeur, qui serait vu comme un facilitateur, l’enfant définissant lui-même ses activités quotidiennes, sans obligation d’apprendre à lire, écrire, compter.
Une vieille idée de la pédagogie qui revient : valoriser l’erreur
Les travaux d’André Antibi, chercheur en didactique, l’ont montré. La note telle qu’on la connait aujourd’hui ne refléterait pas vraiment le niveau de chaque élève. En effet, ce dernier montre que les enseignants attribuent toujours le même pourcentage de mauvaises notes, quel que soit le sujet du contrôle et le niveau de la classe. Pénalisant ainsi les groupes au-dessus de la « moyenne » et encore plus les élèves légèrement en retrait dans un groupe « fort ».
De plus, si l’erreur est une occasion de s’améliorer, une « mauvaise » note serait plutôt le signe positif que les élèves essaient, prennent des risques, quitte à se tromper.
De plus en plus d’établissements sont sensibles à l’importance de permettre à l’enfant de se tromper.
Repenser l’espace classe
Pour appliquer l’esprit de cette pédagogie, un nouvel espace classe s’impose naturellement :
- L’enseignant doit descendre de son estrade, et s’asseoir au milieu de ses élèves.
- Le mobilier doit aussi changer, pour mieux s’adapter aux âges et activités des enfants. Aussi pour les maternelles, mettre les espaces de jeu au centre de l’espace et non collés au mur, pour que les petits puissent toujours voir l’adulte. Modulable et mobile, le mobilier doit être facilement transformable. Il peut ainsi se prêter à la fois aux recherches individuelles, travaux de groupes et exposés.
- Les espaces communs, utilisés par le plus grand nombre durant des moments de pause et de détente, jouent un rôle fondamental pour développer le vivre-ensemble dans un climat apaisé de tolérance. Aussi, il peut être intéressant de définir des « territoires », servant de repères pour des activités calmes ou toniques, favorisant la différenciation des activités, des âges, des sexes selon les envies et besoins du moment.
- Enfin, il est important de pouvoir associer les usagers afin qu’ils puissent exprimer leurs souhaits dans l’aménagement de ces espaces. Cela leur permettant de développer des relations inédites avec les espaces concernés, de se les approprier davantage et de mieux les respecter.
Inviter les parents dans l’école
La présence des parents dans l’école contribue à la sérénité du climat scolaire. Car on constate de plus en plus de défiance et un manque de confiance réciproque des deux parties. Parents et enseignants ayant l’habitude de se côtoyer, cela comblerait le fossé qui se creuse actuellement.
- On peut penser par exemple à la participation des parents aux temps d’étude, dans le but d’aider son enfant à faire ses devoirs, avec l’enseignant de sa classe.
Avec ce tour d’horizon, on n’a certes pas fait un tour exhaustif de tout ce qui peut agiter le monde de la pédagogie. Le sujet est vaste. Il est aussi parfois caché derrière un jargon étonnant. Mais on peut s’y intéresser pas à pas.
Pour aller plus loin…
Le site Expérithèque, bibliothèque des expérimentations pédagogiques.
Changer le collège, c’est possible ! de Jérôme Saltet, édition Play Bac
L’association Fréquence Ecole, « Innovation en Education »
Alexandra MICHALON pour l’association Oze
D’autres articles du blog sur le sujet :
Alphabet : un film réflexion sur le système scolaire actuel
Le Manifeste Heureux à l’Ecole inspire ses signataires
L’école buissonnière : la vie de Célestin Freinet dans un film de 1949
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