Je suis en train de me faire coiffer et ma jeune coiffeuse me demande ce que je fais pour la fin d’année. Je réponds brièvement et lui retourne la question. Et elle m’explique que pour le Réveillon de Noël elle sera chez maman, le lendemain midi chez papa, le soir du Réveillon du Nouvel An chez papa et le lendemain midi chez maman. Pas de jaloux, me dit-elle.
Mais son copain lui dit «Et moi ? Tu viens quand dans ma famille ?».
Le grain de sable dans les rouages des fêtes de fin d’année !
Désarroi
Je sens le désarroi de cette jeune fille profondément attachée à papa, attachée à maman, qui veut bien faire, ne pas décevoir et contenter l’un et l’autre. Mais, bien entendu, comme ils sont séparés et vivent à deux endroits différents, cela est très contraignant pour elle en termes de déplacement et de contraintes horaires (elle n’a pas de voiture et se déplace en train).
Elle est également attachée à son copain et a sans doute aussi envie de commencer à partager des moments avec lui, dans sa famille à lui, et lui le souhaite et le demande.
Cette période qui devrait être festive, sous le signe des moments joyeusement partagés, risque fort d’être une course au temps et contre la montre. Une véritable prise de tête se vivant dans la déception des uns et la frustration des autres. Quelle perspective ! De quoi souhaiter sauter directement de novembre à janvier sans passer par la case «joyeuses fêtes de famille».
Attachement
Cela m’a amenée à réfléchir sur «ce qui nous attache». Qu’est ce qui est le plus important ? Partager des moments ensemble et favoriser, nourrir le lien, l’attachement que l’on a l’un pour l’autre ? Ou privilégier la date exacte communément choisie pour le faire ?
Oui, il peut y avoir des réalités religieuses. Mais parfois, en cas de séparation parentale, il y a un conflit plus ou moins conscient des parents : «Pourquoi tu vas chez lui (ou chez elle) et pas chez moi ?», «Y a pas de raison, une fois chez l’un, une fois chez l’autre…» jusqu’à parfois compter les jours, les heures passés chez l’autre…
Nous sommes mamans et nous sommes attachées à nos enfants. Nous aimerions sûrement les avoir près de nous pour telle ou telle fête, surtout s’ils sont jeunes. Sans aucun doute. Mais mettons nous à la place de notre enfant : est-ce confortable pour lui de se sentir comme une balle de ping-pong, balloté de l’un à l’autre pour finir à un moment ou l’autre complètement «out» ? Et se rappeler que pour être vivant un lien doit aussi pouvoir vivre, évoluer et respirer. Un lien d’attachement peut être détendu et aimant.
Alors comment faire?
Redonner de l’espace et du temps
Pourquoi se limiter à 2 réveillons et 2 jours de fête ?
Peut-être prévoir une fête en aval ou en amont, le week-end d’avant ou celui d’après, ou faire plus de place à la fête des Rois. Mes enfants sont nés dans cette période de l’année et, ma famille étant éloignée, nous avons souvent avancé certaines fêtes pour profiter de tous ou d’un maximum de personnes. D’ailleurs on supporte mieux le chocolat en début de période 🙂
On peut aussi décider qu’une année on fête Noël avec maman et l’année suivante avec papa. Ou, pour les gens de Lorraine ou de Belgique, Saint Nicolas chez l’un et Noël chez l’autre.
Bref, un peu de souplesse pour que tout se passe mieux pour nos enfants. Ne restons pas forcément attachés à «c’est comme cela ou cela a toujours été comme cela.» Si en tant que maman je suis attachée à mes enfants, je peux aussi les laisser décider. Et peut être qu’alors ils fêteront le Nouvel An avec leur copain ou leur copine parce que je sais que cela leur ferait vraiment plaisir. Ils ont beaucoup d’attachement pour moi, oui. Mais je leur permets aussi de se détacher et d’acquérir un peu plus d’autonomie et de liberté individuelle. C’est ce que j’ai souvent expérimenté.
Et si vous retrouvez un peu de temps libre, rien que pour vous, alors… prenez soin de vous et à bientôt !
Roselyne MOUROT pour l’Association Oze
http://www.accords-equilibre.fr
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