A en croire certains, répondre aux pleurs de Bébé en le prenant dans nos bras risquerait de le rendre capricieux… Bien au contraire ! Et les études scientifiques l’attestent !
Câliner Bébé permet à son cerveau – et au nôtre – de sécréter de l’ocytocine, l’hormone de l’amour et de l’attachement. Résultat : le tout-petit – comme le plus grand – se sent non seulement considéré et réconforté. Mais aussi aimé et rassuré. Ainsi, il se calme rapidement.
S’il pouvait le verbaliser, Bébé nous dirait : « Je me sens tellement bien quand je suis dans tes bras. » Bonus : ce sentiment de sécurité l’aide à se construire en toute sérénité et à avancer en confiance.
1/ LES BRAS DE MAMAN : UN BESOIN PHYSIOLOGIQUE
Le taux d’adrénaline et de cortisol, les fameuses hormones du stress, est beaucoup plus important chez les tout-petits qui s’époumonent dans leur berceau. En comparaison avec ceux qui sont rapidement cajolés…
De même, les jeunes mamans qui se voient séparées de leur nourrisson à la naissance affichent un taux de cortisol bien supérieur à la moyenne. Par conséquent, lover Bébé dans nos bras nous apaise tous les deux. Car la sécrétion d’ocytocine réduit l’anxiété et favorise le retour au calme.
Encore faut-il être disposé à échanger des ondes positives… Il se peut que vous ne soyez pas spontanément câlin. Peut-être avez-vous manqué de tendresse, enfant ?
Or, il s’avère qu’un bébé, dont les parents pensent devoir le laisser pleurer, peine à fabriquer les récepteurs à ocytocine, susceptibles de réguler les émotions.
Vous êtes concernés : pas de panique, il n’est jamais trop tard ! Respirez profondément et comptez doucement jusqu’à vingt, votre trésor contre vous. C’est physiologique, au contact de Bébé, l’effet calmant de l’ocytocine est quasi-immédiat !
Vous l’aurez compris : au-delà de la crise actuelle que vous solutionnez, vous permettez au cerveau de votre enfant de s’armer contre les difficultés futures. Répondre aux pleurs de Bébé par la tendresse active son système nerveux parasympathique, chargé d’assurer l’équilibre émotionnel.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, des câlins dépend la sécrétion de la BDNF, une protéine indispensable au bon développement neuronal.
2/ LA METHODE KANGOUROU POUR UN MEILLEUR DEVELOPPEMENT COGNITIF
S’adonner au peau-à-peau avec son Bébé rendrait ce dernier plus résistant au stress. C’est ce que révèle une méta-analyse, regroupant les résultats de 124 études portées sur des bébés prématurés !
Il en ressort que ladite Méthode Kangourou diminue de 36% la mortalité des nourrissons de très faible poids. Suite à une séance de peau-à-peau, les nouveau-nés prématurés régulent mieux leur température corporelle. Ils adoptent également un rythme respiratoire plus tranquille. Et affichent à court terme une courbe de croissance cérébrale plus régulière.
La pratique du peau-à-peau les jours suivant la naissance a des effets durables et mesurables. Non seulement sur la santé physique, mais également sur les capacités intellectuelles.
En participant directement à la maturation du cortex préfrontal, la Méthode Kangourou favorise la mémoire, l’apprentissage, l’acquisition du langage, la concentration, la représentation dans l’espace… jusqu’à la régulation des comportements.
Or, ce qui se révèle bénéfique chez les bébés prématurés l’est tout autant chez les autres ! Sourire à son tout-petit, lui parler avec amour, apprendre à le masser avec un peu d’huile d’amande douce (BIO de préférence), le porter en écharpe au cours de la journée, pratiquer régulièrement le peau-à-peau… fait office de régulateur de son rythme physiologique désorganisé.
Par ailleurs, l’avancée des neurosciences a démontré que des interactions physiques et verbales de qualité entre une Maman et son Bébé annonçaient un développement intellectuel et moteur optimal pour le tout-petit.
3/ QUID DU DEVELOPPEMENT MOTEUR ?
Mais porter souvent Bébé ne risque-t-il pas de retarder son envie de ramper et de marcher pour découvrir le monde ?
La réponse est sans appel : non, les enfants ayant passé du temps dans les bras de leurs parents présentent généralement un développement moteur avancé.
Se tenir debout, marcher, c’est une question d’équilibre. Or, l’oreille interne du bébé porté par sa mère dans ses activités quotidiennes est bien plus stimulée que celle du tout-petit allongé dans son berceau.
Aussi, porter Bébé, le consoler, le rassurer, le câliner, favorisent son équilibre tant physique qu’affectif.
Alors, n’hésitez plus ! Bébé pleure ? Tendez-lui les bras et savourez pleinement ces instants magiques. En le rassurant sans attendre, aujourd’hui, vous construisez son bonheur de demain.
Magalie Rocher pour l’Association OZE
Post Scriptum (jusqu’à quel âge ?) :
Je souhaite apporter une précision importante à mon sens. Cet article concerne les bébés ; et cela est écrit à de nombreuses reprises. J’aimerais être capable de dire à partir de quel âge un enfant n’est plus un bébé ! Je ne me sens pas la légitimité pour trancher le débat avec un chiffre définitif. Par contre, je sais au moins deux choses :
- en grandissant, un enfant a besoin d’apprendre à construire ses propres ressources. On n’imagine pas un enfant qui ne saurait pas s’habiller seul à 6 ou 7 ans. Donc, grandir est un chemin d’autonomie. Et pour revenir aux pleurs, l’enfant va bien devoir apprendre à trouver un peu de calme ou simplement une respiration régulière. Les moments passés au plus de près de sa maman ou de son papa vont être précieux pour cet apprentissage. Et progressivement, il va trouver des ressources en lui.
- un parent est aussi un humain, avec ses limites. L’autorisation que nous nous donnons d’être un « parent imparfait » nous aide à ne pas tomber dans une forme de culpabilité. Je rencontre régulièrement des parents (surtout des mères) qui angoissent encore quand leur enfant a 25 ans, ou d’autres qui en font trop, qui envahissent leur (grand) enfant. Vous en avez rencontré. Je trouve ça triste. Poser une limite, c’est non seulement possible mais, progressivement, cela devient souhaitable. Vous êtes le soutien de votre enfant ; cela passe aussi par transmettre des règles (pas pour le bébé ; pour l’enfant qui grandit). A vous de trouver le moment pour commencer, très simplement.
Post Scriptum (quel équilibre ?) :
Donc, comme bien souvent, la science nous apporte beaucoup… et il reste une part d’interprétation, de ressenti qui est propre à chacun. La recherche de notre équilibre se fait par tâtonnement. Admettons dès le départ que nous ferons des erreurs et continuons d’être attentifs pour apprendre sincèrement à faire « du mieux possible« . Apprenons à reconnaître les différents pleurs de bébés : s’il a mal, s’il a faim, s’il est fatigué, ou s’il a envie de quelque chose, il ne pleure pas de la même manière. A partir d’un certain âge, parlons à notre enfant : son besoin a été entendu mais il ne peut pas être satisfait à l’instant même. On peut soutenir un enfant par des mots, par un regard… Admettons aussi que notre conjoint (ou les grands parents) fasse un peu différemment de nous.
Jetons aussi un coup d’œil hors d’Europe pour observer de quelles manières d’autres cultures se comportent sur ce sujet…
Un dernier point (sans épuiser le sujet, loin s’en faut !) : câliner un bébé ne fait pas toujours cesser les pleurs de façon automatique. En pleine poussée de dents, quand un bébé a mal, les câlins peuvent ne pas suffire. Les pistes évoquées ci-dessus sont importantes pour mieux vivre les pleurs de bébé.
Merci à Magalie pour ce beau sujet. A très bientôt pour poursuivre les échanges 🙂
Nathalie de Boisgrollier pour l’Association OZE
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