Mais oui, mais oui, l’école est finie. Mais oui mais leur esprit ne va-t-il pas fondre comme Mr Freeze au soleil ? Pour soulager votre conscience et vos craintes, vous vous ruez sur un cahier de vacances. Mais avez-vous déjà vérifié l’intérêt des devoirs de vacances ? Passage en revue de quelques arguments communs.
Cela me rassure de savoir que mon enfant révise
Pourquoi avez-vous besoin d’être rassuré(e) ? Vous n’avez pas confiance en votre enfant, en sa réussite, en sa volonté de comprendre ? Ainsi, il y a de grandes chances pour que vos enfants absorbent vos craintes et les adoptent comme une vérité « je ne comprends rien », « je ne réussirai jamais ».
Cela le rassure de réviser avant la rentrée
Pourquoi ? De quoi a peur votre enfant, de l’échec, de la rentrée, de l’école, des profs ? Derrière chaque peur se cache un besoin. Peut-être serait-il plus utile de travailler la confiance en lui pendant ces vacances… Bien des activités seront plus fondatrices pour le bien-être de votre enfant qu’un cahier de vacances.
Ainsi, l’enfant continue de s’entraîner comme à l’école
Mêmes méthodes, mêmes outils… Plus ils grandissent, moins l’école leur donne l’occasion de manipuler, d’expérimenter. Les grandes vacances c’est l’occasion d’observer, de vérifier, d’essayer, de mettre du sens dans les apprentissages. Savez-vous qu’une multitude d’activités peuvent être source d’apprentissage, de mobilisation de compétences ?
Cela le rend autonome dans ses apprentissages
Si l’enfant peut réaliser tous les exercices en autonomie, quel besoin a-t-il réellement de réviser ? Pour de réels progrès, ce type de dispositifs vous engage, vous, à être présent car le plus efficace est de verbaliser ou de réinterpréter à un autre la compréhension d’une notion.
Cela lui donne le goût de la réussite
Cette injonction de la réussite partout, tout le temps, voudrait que vous-même réussissiez un jibe par 25 noeuds de vent à l’issue de votre stage de planche à voile débutant.
Les vacances sont un moment de détente, de bien-être, de lâcher-prise, où l’erreur a sa place. De plus, les cahiers de vacances peuvent, par leur aspect simpliste, être une source d’incompréhension et donc de sentiment d’échec.
Dans un cahier de vacances, il y retrouve les notions vues à l’école
Les cahiers de vacances sont réalisés par des maisons d’édition qui ont un souci de rentabilité et vous promettent l’efficacité. Il n’est donc pas dans leur intérêt d’épiloguer sur une notion, une méthode, une correction. Pas plus que de vous proposer un pavé de 500 pages. Résultat : la présentation plus que synthétique, voire simpliste de certaines notions risque de perdre l’enfant.
Cela installe des réflexes, des astuces utiles pour l’année à venir
Les « trucs et astuces » présents dans les cahiers de vacances ruinent le travail de compréhension de certaines notions. Et font perdre tout son sens à l’école : réussir à l’école, ce n’est pas utiliser des « trucs » pour obtenir de bons résultats. C’est donner du sens aux apprentissages, développer une réflexion…
Je l’aide, je lui explique comment je ferais
Cumul de « trucs » ! Pour bazarder la corvée (admettez qu’au bout de 3 jours de cahier, on en a déjà marre), on s’entend lancer « je te montre le produit en croix ! », « il suffit d’ajouter un zéro quand tu multiplies par 10. » Perte de sens et confusion garantis ! Votre enfant n’est pas votre élève. La didactique est une science qui s’étudie à l’université, ça ne s’improvise pas sur le coin d’une table avant d’aller à la plage.
Tous les apprentissages nécessitent de l’entrainement
Oui. Et du lâcher-prise. Pensez-vous que l’apprenti boucher en congé s’exerce à la découpe des côtes de boeuf avant une partie de beach volley ? Que la documentaliste en alternance passe ses matinées de vacances à ranger sa bibliothèque selon la classification Dewey ? Vous-mêmes alors stagiaire en vacances, vous entrainiez-vous par exemple à la saisie de factures ? Non. Vous vous reposiez, vous profitiez. Eux aussi ont besoin de repos.
Laurie Picard pour l’Association Oze
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