Il n’y a pas une bonne façon de faire, mais plusieurs façons de bien faire. Il en va de même pour annoncer à son enfant qu’on a une maladie. A l’unique condition de choisir des mots adaptés à son âge, son niveau de compréhension, son vécu, sa sensibilité…
1/ Que dire de sa maladie ?
L’objectif est de livrer le message « je suis malade » dans un langage clair, explicite, sans détour, tout en soignant la forme, pour le rendre compréhensible, quelle qu’en soit la gravité. Cela permettra à l’enfant de se l’approprier.
Le plus simple des vocabulaires reste à privilégier, à l’exception du jargon médical auquel la famille risque fort d’être rapidement exposée. Ce peut être le moment de l’introduire dans la sphère familiale, en l’expliquant et par ce biais, en le dédramatisant.
Dédramatiser, lever les inquiétudes, en anticipant les questions. Et si possible en usant et en abusant de l’humour pour y répondre. Rien de tel pour désacraliser la maladie et dire haut et fort qu’ensemble, nous serons plus forts !
Il va de soi qu’un tout-petit ne comprendra pas le sens. Mais lui parler avec la même honnêteté (ton, expressions, gestuelle rassurante…) qu’aux autres proches de la famille, permet de l’intégrer à la réalité des choses.
2/ A quel moment ?
Comme à chaque fois que se profile une conversation délicate, on envisage d’attendre « le bon moment » pour parler « maladie » à son enfant. Or, il n’y a pas vraiment de bon moment… mais plutôt un moment qui s’y prête. Celui où on a du temps devant soi. L’atmosphère s’annonce calme, les téléphones sont en veille, on se trouve dans la configuration souhaitée – seul(e) ou avec son conjoint(e), un ou une ami(e).
Certes, on pourra attendre que les jeunes intéressés soient dans une certaine disponibilité d’esprit, qu’un examen soit passé par exemple, que les vacances approchent… mais mieux vaut ne pas tarder.
3/ Et si je ne disais rien ?
S’il y avait une chose à ne pas faire, ce serait justement de chercher à cacher son état. Ne dit-on pas des enfants qu’ils sont des « éponges » ? Mieux que quiconque, ils perçoivent notre inquiétude, notre lassitude… Tout changement dans la vie familiale les interroge, voire les inquiète. Un parent qui va chercher son enfant à l’école alors qu’il ne le peut habituellement, des échanges à voix basse, des regards entendus… Ils se doutent qu’on leur cache quelque chose et s’imaginent alors le pire.
Cette perception de ce qui n’est pas dit s’observe même chez un bébé. Dans la grande majorité des cas, le nourrisson se montre agité, pleure plus qu’à l’accoutumée… Le mettre dans la confidence se révèle essentiel. Dire la vérité et laisser les questions venir. Adopter cette démarche permet à l’enfant de faire son propre cheminement et lui assure de continuer à avancer en toute confiance. Qui plus est, c’est le meilleur moyen de le préparer au tsunami émotionnel qu’occasionne souvent la maladie (la perte des cheveux de Maman, son manque d’entrain soudain, les WE passés chez Mamie…) et d’éviter surtout qu’il ne s’en sente responsable. Quel que soit leur âge, les enfants ont droit à la vérité, aussi dure soit-elle. Ils ont le droit d’avoir peur et de chercher à l’épancher en posant des questions.
Et ils ont droit aux réponses. Celles qu’on est à même d’apporter dans l’instant et celles qui restent encore en suspens… A la question « tu vas mourir ? », on peut soi-même ne pas détenir la vérité et s’entendre alors répondre : « je vais tout faire pour guérir ». Ainsi, on ne brûle pas la confiance, comme disent certains psychologues.
4/ Et après ?
La suite à donner dépendra de la réaction de votre enfant. Si la nouvelle devait le laisser silencieux, il est essentiel de lui demander ce qu’il ressent. Ou encore ce qui lui passe par la tête, lui rappeler qu’il a le droit de pleurer… S’il n’exprime rien et repart jouer comme si de rien n’était, pas d’inquiétude : c’est sa façon à lui de dépasser le traumatisme. Reprendre une activité « d’avant (l’annonce)», pour s’occuper l’esprit et finalement rendre d’emblée la vie victorieuse : fréquente et plutôt saine comme attitude !
Mais il peut encore s’inscrire dans la contradiction, la provocation… Derrière l’agitation nouvelle se profilent souvent l’angoisse, la tristesse, la colère, le sentiment d’injustice… Brutalement, tout l’insupporte ! Lui proposer l’aide d’un psychologue peut alors s’avérer salvateur (pour tous). L’échange pourra reprendre ultérieurement autour d’un livre sur le sujet, que l’on aura choisi ensemble et que l’on prendra plaisir à découvrir en famille.
5/ Quels ouvrages utiliser ?
Il existe différents types d’ouvrages que l’on pourra utiliser pour expliquer sa maladie à son enfant : des albums illustrés, des guides explicatifs, des romans ou encore des BD.
En voici une liste non exhaustive : La Maman de Léon est Malade de Olga Dupré, Nourson et la Maladie de Maman de Sandrine Labarthe, Grand Arbre est Malade de Nathalie Slosse, Maman est Malade de Quima Ricart Clver, Mon Papa est Malade d’Antonia Altmeyer, Lia et les Petits Pois ou C’est Quoi le Cancer de Monica Axelrad et Urs Richle (personnalisable sur www.liastories.ch), M. Cancer veut toute la place de Inna Kuperstein, Vivre avec un Parent Malade des Guides Complices Milan Jeunesse, etc…
Et il arrive que rien ne se passe comme on l’avait imaginé… Le téléphone sonne… Mon ange décroche… C’est l’hôpital… Le diagnostic est posé… Pas d’erreur possible… J’apprends la nouvelle aux côtés de celui que je comptais préparer… Ensemble, nous entendons… Ensemble, nous encaissons… Mais il reste les mots… pour le « dire », l’écrire… échanger, partager… et l’amour, qui ne peut pas tout, mais qui peut beaucoup… beaucoup !
Magalie ROCHER pour l’Association OZE
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