Le divorce et les recompositions familiales sont en passe de se banaliser. On aura beau les dédramatiser, il n’en reste pas moins que la rupture est un des principaux vecteurs de stress et de souffrance car les séparations ravivent les blessures fondamentales de l’être humain : abandon, trahison, rejet, humiliation, injustice, impuissance…
Pour les enfants, le divorce des parents restera un événement fondamental dans leurs jeunes vies, douloureux, voire traumatisant, si les parents ne sont pas vigilants à les épargner et à les protéger dans la tourmente de leur séparation. Se séparer sans se déchirer, faire passer l’amour de votre enfant avant son amour-propre et sa soif de vengeance, c’est également cela l’art d’être parent.
L’annonce de la séparation
Il faut avant tout faire attention à ne pas annoncer la rupture trop tôt ou à la légère, sans pour autant nier l’évidence si l’enfant commence à pressentir l’orage. Le pire est de ne rien dire. Mais, annoncer le divorce à son enfant n’est pas chose facile et nécessite une préparation, si possible une concertation entre les parents. Car l’idéal est une annonce faite à deux voix, hors d’un moment de crise.
La première chose à faire est de dédramatiser la séparation sans pour autant sous-estimer les ressentis de l’enfant ni l’impact considérable que cela aura sur sa vie future. D’une certaine façon, les enfants vivront les événements comme on leur dira explicitement ou implicitement de les vivre. Aussi, ne les vivront-ils pas si mal si on les autorise à relativiser, et c’est pourquoi l’annonce doit rester sobre. Expliquez-leur simplement comment les choses vont se passer à l’avenir. Dites-leur bien qu’il vaut mieux qu’ils vivent alternativement avec une maman sereine et un papa épanoui plutôt qu’avec des parents qui se disputent toute la journée. Il faut bien évidemment ne désigner ni victime ni coupable. Par ailleurs, le divorce n’est pas un crime, c’est au contraire un droit légal. On a le droit de plus avoir envie de vivre avec quelqu’un, même sans raison objective et même si l’autre n’a pas envie de se séparer.
Tout au long de la procédure et jusqu’à ce que la nouvelle situation soit stabilisée, rassurer l’enfant et le déculpabiliser seront des priorités. Cela implique de lui expliquer le plus simplement possible ce qui va se passer concrètement, juridiquement, géographiquement. Prenez sur vous pour lui donner les informations d’une façon plus optimiste ou du moins très neutre. Enfin, pour rassurer l’enfant sur la permanence du lien parental, il faudra lui dire et lui répéter que quel que soit l’avenir du couple, ses parents ne regrettent pas sa naissance et qu’on ne divorce pas de ses enfants.
Aider votre enfant à faire ses deuils
C’est avec votre aide que votre enfant pourra faire tous les deuils nécessaires. Pour ne pas le laisser dans l’illusion d’un retour possible à la situation antérieure, il vous faudra, avec tact, douceur et fermeté, le confronter à la réalité. Cela implique que vous acceptiez de faire le même travail de deuil. Dès qu’ils comprennent que la décision est irréversible, les enfants déploient toutes leurs capacités d’adaptation aux nouvelles données. Ils auront donc des moments de tristesse et de nostalgie qui seront difficiles à accueillir pour un parent lui-même en souffrance. Pour autant, autorisez votre enfant à exprimer ses émotions. Le fait qu’il les exprime, c’est parce qu’il vous sent assez solide pour les recevoir.
La mise en place du mode de garde
Dans trop de cas, la garde des enfants devient un enjeu de pouvoir, de pression ou représailles. Rares sont les cas où les parents ont gardé assez de neutralité pour choisir le mode de garde avec des critères objectifs et impartiaux. C’est pourquoi il est préférable que la validation finale vienne d’une décision de justice, autorité extérieure, même si les parents se sont préalablement mis d’accord.
Pour de bonnes relations parentales
De bonnes relations parentales sont nécessaires au bon équilibre de votre enfant. Alors cessez de critiquer votre ex. Par ailleurs, tout comme vous ne pourrez pas exclure l’autre parent de votre vie, vous ne pourrez pas le changer non plus. Il n’existe pas de pensée unique, d’éducation unique, l’autre reste le parent, aussi légitime que vous dans sa façon d’éduquer son enfant.
Toute rupture implique une complète réorganisation familiale, un réinvestissement différent dans les relations des uns avec les autres. Mais, le divorce peut être un virage très bénéfique dans une vie même s’il est générateur de souffrances, notamment pour l’enfant. C’est pourquoi tout parent doit veiller à rester maître de lui pour pouvoir veiller sur son enfant, être à son écoute et le protéger.
Source : Du divorce à la famille recomposée – Christel Petitcollin
Sandra MULLER pour l’Association Oze
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