A priori, l’éducation d’un enfant et le monde professionnel n’ont que peu de points communs. Et d’un point de vue réaliste, l’éducation positive et bienveillante semble même souvent éloignée de la vie relationnelle professionnelle. D’un côté, il s’agit d’accompagner un enfant pour qu’il devienne lui-même, de transmettre les règles de base de la vie en société, d’appuyer l’école dans l’apprentissage des connaissances et de transmettre des valeurs d’écoute, de respect, de bienveillance, de l’autre côté, il s’agit de produire des biens et des services et de les vendre. En y réfléchissant, j’y trouve cependant quelques points de contact fructueux.
L’éducation positive prépare au monde professionnel
Le premier lien suppose d’être patient. Il s’agit de cette part de l’éducation qui prépare l’enfant à rentrer dans le monde professionnel. Vue la place que prend notre activité professionnelle dans notre vie d’adulte, ce point est évidemment important. Et concernant l’éducation positive, je suis de ceux qui rêvent que transmettre des valeurs d’écoute, de respect, de coopération, de bienveillance transforme progressivement les relations professionnelles vers plus d’humanité, en conservant les valeurs d’efficacité qui sont celles de l’entreprise. Imaginez que votre patron, votre responsable direct soit entièrement pétri de valeurs de coopération… J’en suis même arrivé à cette ambition : élevons nos enfants comme nous aimerions que soit notre patron ! Visionnaire, ambitieux, intelligent, rapide voire exigeant ; certes. Mais aussi : à l’écoute des besoins et des aptitudes de chacun, sachant créer l’unité et l’esprit d’équipe, créant les conditions pour que les besoins de l’entreprise (ou de n’importe quel organisme professionnel) soit en phase avec les motivations des personnes qui la composent. Comment faut-il agir en famille au quotidien pour transmettre cela ? L’éducation bienveillante porte ces valeurs et les outils qui vont avec. Elle peut y contribuer directement.
Tous les groupes humains fonctionnent de la même manière
Le deuxième lien réside dans le fonctionnement de n’importe quel groupe humain. Imaginons un coach professionnel qui m’apprend à comprendre les ressorts de la motivation des membres de mon équipe pour créer une synergie efficace. En commençant par m’accompagner sur mes propres réactions, émotionnelles notamment, face au groupe. Il y a de grandes chances que je puisse appliquer ce type de compétences quand il s’agit de comprendre les disputes de mes 2 enfants ou que je puisse refléter à ma femme ce qui vient de se passer entre elle et notre fils parce qu’ils n’utilisent pas les mêmes types d’intelligence.
De la même façon, un coach d’aide parentale m’apprend l’outil du bâton de parole pour apprendre à communiquer en famille… je pourrais très certainement l’adapter dans l’animation d’une réunion. Laisser à chacun le temps de s’exprimer, ne pas juger la personne qui s’exprime, encourager la personne qui a tendance à s’effacer devant l’avis des autres à donner cette fois-ci son opinion personnelle, provoquer les temps de recherche de solutions sans limites pour laisser la place à la créativité et à l’émergence d’une idée neuve… peuvent être des ressources bien utiles dans le monde professionnel. J’en suis d’autant plus convaincu que le besoin de créativité et de solutions neuves a tendance à grandir très vite avec l’accélération générale des besoins d’adaptation.
Et franchement, si ça (conférence TED de Dan Pink; en anglais ; possibilité d’afficher les sous-titres en français) ça n’est pas de la psychologie positive appliquée au management, alors qu’est-ce que c’est ?!
Que peut-on en attendre ?
Comme je suis convaincu (merci à mon épouse de m’avoir ouvert les yeux depuis longtemps) que ce nous appelons la crise (depuis 1973 ? depuis 2007 ?) est la partie visible d’une transformation en profondeur de la société occidentale, je suis en fait convaincu que l’éducation bienveillante et les transformations nécessaires du monde professionnel ne font qu’un. Dans beaucoup de lieux professionnels, cette transformation reste encore très lointaine. Mais plus nous serons nombreux à avoir conscience du chemin à parcourir, plus il sera facile de le parcourir ensemble. On trouve même des chercheurs qui précisent que l’éducation bienveillante contribue directement à la mise en œuvre d’un développement plus durable et qu’elle est un préalable à une transformation de la vie politique[1].
J’y reviendrai dans les deux prochains articles de cette série.
Arnaud de BOISGROLLIER, Association Oze
www.oze-coaching.fr
www.art-de-vivre-en-famille.fr
[1] Marc-André Cotton, psychohistorien, magazine PEPS n°5 – automne 2013
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