L’esprit de compétition dans le développement de l’enfant

Actuellement, la compétition est partout et semble commencer très tôt. Mais est-il vraiment sain de développer l’esprit de compétition chez son enfant ? Et comment faire en sorte qu’il grandisse en étant «bien dans ses baskets», tout en l’accompagnant dans ses réussites sans craindre les obstacles et coups bas qu’il croisera sur sa route ?

La compétition : un stimulateur de bien-être

Dès la rentrée de septembre, les parents inscrivent leurs enfants à de multiples activités extra-scolaires. Mais d’où vient cette frénésie qui les poussent à encourager leurs enfants à en faire toujours plus ? La réussite de la vie serait-elle synonyme d’une vie bien remplie ?

Qu’on le veuille ou non, nous vivons dans un système de compétition où l’estime de soi est importante : dans le travail, à l’école…

La compétition est depuis toujours associée aux valeurs du sport, au milieu masculin et au collectif. Mais elle est surtout synonyme de réussite et de victoire. Dans les entreprises, on stimule la recherche de performance des collaborateurs en organisant des défis, des jeux de cohésion d’équipe, team building et autres activités en tout genre. Au delà de tout cela, il semblerait que développer l’esprit de compétition et ce, dès le plus jeune âge, aurait bien d’autres vertus.

Si l’on se place du côté positif, développer un esprit de compétition est bénéfique pour l’enfant car il s’agit d’un moteur de croissance. Il va sans dire qu’avant 4 ans, un enfant n’aura ni la volonté de gagner ni une compréhension suffisante des intentions des camarades plus compétitifs. Passé cet âge, l’enfant aime gagner. C’est pour lui un jeu et il est préférable que cela le reste. 

L’esprit de compétition chez l’enfant doit être stimulé par le jeu. En effet, le sport, qu’il soit pratiqué à l’école ou en activité extra-scolaire, participe au bien être et au bon développement de l’enfant. Il est un bon moyen pour apprendre certaines valeurs comme par exemple le respect de soi et des autres, la loyauté, le «vivre ensemble». Ainsi, il n’en sera que bénéfique pour sa vie d’adulte. 

Le sport est également une aide précieuse pour valoriser l’image de soi. Par exemple, un enfant timide pourra valoriser sa propre estime et sa confiance en soi en pratiquant un sport d’art martial. C’est aussi un très bon outil pour la gestion des émotions et pour développer la connaissance de soi. 

Comment développer un bon esprit de compétition ?

Comme nous l’avons vu plus haut, développer un bon esprit de compétition revient à se surpasser, avancer et se challenger. C’est une sorte de rivalité avec son égo. C’est bénéfique au bon développement de l’enfant et cela valorise l’estime de soi. 

Pour aider son enfant à développer un bon esprit de compétition, il est important de lui apprendre à :

  • gagner pour soi et non pour écraser les autres.
  • perdre et gagner tout en essayant de dédramatiser l’échec.
  • renforcer sa confiance.
  • donner le meilleur de lui-même et voir dans cet accomplissement une victoire personnelle.
  • avoir le plaisir du jeu.

Les parents pourront l’encourager, le soutenir. Aussi, ils devront lui donner l’envie d’apprendre et le rassurer sur ses échecs.

La réussite à tout prix ?

Pour certains individus, il arrive que les adversaires soient « les autres ». La volonté première est d’être le meilleur dans tout et pour tout, quitte à écraser ses adversaires. C’est vouloir la gloire, le pouvoir, le succès… en ne faisant aucun état d’âme. Il s’agit du mauvais esprit de compétition. Mais d’où vient exactement cette nécessité absolue de « compétiter » et comment l’éviter ? Et pourquoi ne sommes-nous pas tous égaux face à ce besoin ?

Un enfant ne naît pas avec un mauvais esprit de compétition. Ce sont les événements durant l’enfance ainsi que l’entourage qui façonneront celui-ci à l’âge adulte. De plus, si l’on transmet à un enfant que gagner à tout prix revient à la seule raison d’exister alors il y a peu de chance pour qu’il vive une expérience positive.

compétitionLes blessures dans l’enfance sont les premières responsables de ce besoin de compétiter. La peur d’être rejeté, abandonné, d’échouer… mais également le désir. Derrière celui de gagner ou de combattre contre quelqu’un, se cache souvent des émotions négatives comme la colère, les rancunes, la jalousie… et derrière le besoin de reconnaissance, se cache un manque affectif. 

Face à ces besoins, les conséquences peuvent s’avérer dévastatrices sur l’estime de soi. On court, une fois adulte, après une image idéale de perfection. La mise en place d’un système de comparaison face aux autres entraîne du stress qui conduit certes à avancer mais peut, à la longue chez certains individus, conduire à la fatigue et jusqu’à la dépression. 

Pour limiter cela, ne faut-il pas envisager d’autres alternatives à la compétition, et ce dès l’entrée à l’école ?

L’apprentissage par la comparaison – modèle de l’éducation en France

Dès l’entrée à l’école, nos enfants sont soumis à un environnement qui peut s’avérer compétitif au sens péjoratif du terme. Le monde étant en constante évolution, certaines écoles commence à délaisser la compétition au profit d’autres solutions. 

L’apprentissage dans l’éducation française est depuis toujours empreint de compétitivité, basée sur un système de classification. On y retrouve les premiers et les derniers, les bons et les mauvais… L’évaluation des élèves se fonde sur des notes qui incitent à la comparaison en entraînant parfois frustration, baisse de l’estime de soi et dans le pire des cas, mal être et isolement. 

Je me souviens encore de l’époque où les professeurs rendaient les copies aux élèves en clamant haut et fort pour que toute la classe puisse entendre la note obtenue, que celle-ci soit bonne ou mauvaise. Il va s’en dire qu’en cas de mauvaise note, l’humiliation était totale face à toute une horde d’élèves en alerte. 

Ce système de rivalités semble aujourd’hui être remis en question même si, il faut bien l’avouer, les pédagogies coopératives ne font pas encore l’unanimité. Tandis que l’un encourage des valeurs d’individualité et de « contre attaque », l’autre encourage entraide et empathie. L’apprentissage coopératif et compétitif ont en commun de développer la confiance en soi, une meilleure estime de soi… Mais là où la coopération serait plus bénéfique est qu’elle active dans notre cerveau les zones du plaisir et du bien être contrairement à la compétition qui active celles du dégoût et du stress. 

L’apprentissage par la coopération – modèle de l’éducation dans les pays nordiques

Les pays nordiques ont depuis longtemps adopté ce système de coopération basé sur l’entraide. Le principe : ceux qui ont des facilités viennent en aide à ceux qui rencontrent des difficultés. Il s’agit d’un fonctionnement qui a fait ses preuves.

En plus de favoriser le bien-être, cela permet de développer des compétences émotionnelles, relationnelles, sociales et l’ouverture aux autres de façon générale. Chaque individu est différent. Chacun a son propre rythme, sa propre intelligence, ses propres méthodes d’apprentissage et il est incohérent de vouloir attribuer une note identique à deux individus qui n’ont pas les mêmes aptitudes intellectuelles et cognitives.

Nous commençons seulement à le comprendre. Einstein disait : « Demandez à un poisson de grimper à un arbre et vous aurez vite fait de penser qu’il est stupide ». 

C’est ainsi tout une partie du système éducatif qu’il faut refaire. Comment permettre à chaque enfant d’acquérir de nouvelles compétences et connaissances et l’évaluer de façon juste et bienveillante ? Le plaisir serait au cœur des apprentissages avec pour résultat une réussite individuelle basée sur la confiance du groupe. 

Chacun s’écoute, coopère, donne son avis…

Emilie MIDROUET pour l’Association Oze.

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