Il aurait pu s’intituler « Amour, confiance et liberté », tant ce leitmotiv cadence les témoignages divers qui se succèdent. Etre et devenir présente dans quatre pays différents (France, Angleterre, Etats-Unis et Allemagne où cette pratique est interdite) et à travers les témoignages de nombreuses familles la pratique du « homeschooling », ou Instruction en famille (IEF). Avec générosité et enthousiasme, les familles partage le temps d’un film leur quotidien et leurs visions de l’éducation, et font apercevoir qu’une autre voie est peut-être possible.
Prenant comme point de départ un questionnement de la réalisatrice Clara Bellar à la naissance de son fils, quant à savoir si la scolarisation de son enfant sera un passage obligé, le film se construit ensuite comme une quête. Il s’agit de confronter les préjugés et les peurs que chacun peut ressentir devant la non-scolarisation (non-sco) en allant au devant des familles qui la pratiquent : découvrir et comprendre une philosophie de vie, et donner la parole à ceux qui sont le plus à même d’en parler. Comme des perles sur un fil, les témoignages s’enfilent et se complètent, et font un bijou merveilleux d’optimisme. Le message est simple : l’enfant possède en lui les capacités nécessaires pour évoluer dans le monde ; en respectant son rythme et sa personnalité, celles-ci « écloront » d’elles-mêmes pour peu qu’on lui laisse toute liberté d’explorer ses centres d’intérêts.
Est-ce à dire que l’enfant est livré à lui-même ? En aucun cas. Ce que sait bien mettre en exergue le film, c’est ce lien puissant qui unit les parents à leurs enfants. Ces derniers sont guidés sur le chemin qu’ils ont choisi d’emprunter, et, jamais abandonnés, savent qu’ils tomberont toujours pour être mieux relevés par les adultes qui les accompagnent. Présence tranquille et attentive, les parents observent, rectifient, participent et ne sanctionnent pas une erreur qu’ils savent être une donnée constitutive du processus d’apprentissage.
Le parti pris est de vivre la découverte du monde et les apprentissages comme quelque chose d’épanouissant. Un choix souvent fait pour le bien-être de l’enfant, qui trouve dans cette forme d’éducation tout l’espace nécessaire au libre cours de sa créativité. Naomi Aldort, maman pratiquant la non-scolarisation, revient ainsi dans le film sur ce paradoxe : alors que l’enfant dès son plus jeune âge commence à s’intéresser à son environnement, cet intérêt, dès lors qu’il rentre à l’école, semble s’évanouir peu à peu. Pour revêtir, souvent, une apparence de dégout envers tout ce qui pourrait rappeler le cadre scolaire, comme le note Aaron Tavaller, rapportant une anecdote personnelle à ce sujet.
Mais les parents trouvent bien plus dans ce mode de vie qu’une alternative à l’école. Lorsqu’elle décrit sa vie avec ses enfants qu’elle ne voyait que très peu avant qu’ils aient adoptés l’instruction en famille, Valérie Vincent ajoute : « j’avais l’impression d’être devenue une nounou ». C’est le scénario que beaucoup connaissent bien : rentrer le soir pour seulement entrevoir ses enfants et ne prendre presque aucune part dans leur vie. La non-scolarisation ou l’école à la maison redonnent aux parents cette relation au quotidien, irremplaçable.
Le film ne tombe cependant jamais dans la dénonciation tous azimuts contre l’école « traditionnelle ». C’est de la part de nombreuses familles un plaidoyer pour avoir le choix de vivre autrement, et que ce choix soit respecté ; mais c’est plus encore une porte entrouverte sur un autre possible, une autre manière de concevoir la vie de famille qui interroge, que l’on soit dans une démarche similaire ou pas. C’est aussi enfin, une ribambelle de réflexions de diverses personnalités, dont John Gatto, et des suggestions de lectures qui parsèment les témoignages.
Le site officiel du film : www.etreetdevenir.com fournira aux intéressés les informations utiles, tels que les dates et lieux de projections.
YR, pour l’association Oze
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