Pour introduire ce thème de la relation mère-fils, je repense à mon ancienne vie d’institutrice maternelle. A cette jeune maman qui, un jour en venant conduire son garçon de 4 ans à l’école et après l’avoir embrassé « à bouche que veux-tu » lance un « Ah, enfin un homme qui m’aime. »
Savoir doser son amour dans la relation à l’enfant
Si aujourd’hui, avec le recul, je peux comprendre le plaisir de cette maman d’être aimée par son fils et la reconnaissance de l’être, je bloque toujours un peu sur l’«homme». Car même si son fils est un homme en devenir, le risque est grand de penser : « Cet enfant-là, c’est mon homme. »
Cela n’a pas été formulé mais j’en perçois encore aujourd’hui l’ambiguïté. Et oui je le redis : c’est son enfant, pas son homme et c’est toute la différence. On ne peut pas comparer l’amour d’un homme, amant ou conjoint, à l’amour d’un enfant. L’un est sexuel aussi et l’autre ne l’est pas, jamais et en aucun cas.
L’amour que l’on donne à un enfant, ici un fils, est inconditionnel. On l’aime même s’il fait des bêtises, salit son pantalon blanc, en maternelle et en été. Et je perçois à travers cette phrase citée plus haut le désespoir d’être seule, non aimée ou pas assez.
Mais est-ce une raison pour reporter son manque d’amour et toute son attente sur son fils très jeune ? Je crois pouvoir dire qu’elle ne pouvait pas comprendre ou prendre en compte seule son manque d’amour. Sa soif d’être aimée, une soif démesurée. Et que donc la relation avec son fils était faussée.
Et puis s’aimait-elle au fond ? Avait-elle développé son amour pour elle-même suffisamment pour aimer son enfant sans condition ? Et oui, elle l’aimait sincèrement et très certainement mais d’un amour insatiable et irréaliste.
Savoir poser des limites et ouvrir le dialogue
J’ai pu observer souvent ce regard «amoureux» de certaines mamans face à leur fils qu’elles mettaient sur un piédestal, n’osant pas faire de remarques négatives face à un comportement incorrect ou des paroles irrespectueuses.
J’ai vu en maternelle des enfants parfois très jeunes et souvent des garçons (désolée !) taper leur mère parce qu’elle n’apportait pas le goûter demandé. Cela m’amène à cette question : si nous sommes fières de nos fils (c’est normal et humain, et nous sommes sensibles et humaines), est-ce une raison pour tout accepter ?
Un enfant, un fils ou un garçon se construit avec des valeurs, des règles. Personnellement, je n’ai jamais toléré un manque de respect ou des insultes d’aucun enfant ou ado, garçon ou fille. Et quand je pensais que la limite était dépassée, je disais « STOP ».
Un feu rouge qui signale la limite du comportement et qui indique qu’il est nécessaire de s’arrêter.
Et je choisissais d’en reparler plus tard quand tout le monde était plus calme. Pas seulement l’enfant ou le jeune, mais moi aussi.
Il n’y pas eu de grands conflits avec mon fils : il y a eu des silences, des désaccords. Mais à chaque fois, surtout quand il était plus jeune, je choisissais de reprendre le dialogue à un moment plus adéquat. Notre relation s’est nourrie au fil de la vie et des épreuves. C’est encore valable aujourd’hui à l’âge adulte. S’il est parfois nécessaire de se soutenir en cas de difficulté, je préfère ne pas forcer et laisser faire les choses pour que chacun puisse s’exprimer quand il le désire.
Dans le prochain article, nous aborderons la relation mère-fille. A bientôt !
Roselyne MOUROT pour l’Association Oze
http://www.accords-equilibre.fr
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