Le risque chez l’enfant

La découverte du monde est essentielle à tout être humain. Du bébé à l’adolescent, en passant par le jeune enfant, leur exploration insouciante est souvent empreinte de prise de risque. Celle-ci participe pourtant au bon développement de l’enfant. Comment ? Voyons quels sont les bienfaits de la prise de risque et les dangers face à un contrôle excessif des parents.

Un besoin de découverte

Tout comme le sommeil est un besoin essentiel chez l’enfant, la découverte du monde en est un autre. Un enfant qui grandit sereinement est un enfant qui explore, teste, découvre ce qu’il ne connaît pas. Il est par conséquent confronté à la prise de risque.
Mais au fur et à mesure de l’évolution de l’enfant, on s’aperçoit que les besoins varient quelque peu.

Les besoins selon l’âge

Avant 1 an, le bébé est vulnérable et inconscient du danger. Pour cela, il a besoin des autres pour l’aider à bien grandir. Il expérimente cependant, à sa façon, en utilisant tous ses sens : par le biais de la vue et de l’ouie, il commence par reconnaître son entourage (sa mère, son père, les membres de sa famille) dont il a tant besoin. Le goût et le toucher sont ensuite sollicités pour découvrir de nouvelles saveurs, de nouvelles textures… Certains parents observent dans toutes ces expériences une grande prise de risque. Par exemple, le risque de l’étouffement avec l’ingérence de petits objets.

A l’âge de la marche, l’enfant arrive à une étape clé de son développement. Il devient libre et autonome. Quant au parent, il arrive souvent au paroxysme de ses angoisses incontrôlables : peur que l’enfant tombe, qu’il se cogne, qu’il se brûle, qu’il se fasse renverser par une voiture… Certes, le risque est partout mais limiter l’autonomie et la liberté de l’enfant reviendrait à le brider et à l’éloigner de sa vraie personnalité. De ses expérimentations, il retiendra des leçons. Petit à petit, il prendra confiance en lui et s’épanouira. La prise de risque participe ainsi à la construction de son identité future, sans nul doute celle d’un adulte confiant et serein.

L’histoire du risque

Nous l’avons vu précédemment, le risque naît du besoin de découvrir le monde. Ce besoin, tout comme la faim et la soif, se manifeste par une alerte donnée par le cerveau. Il s’agit d’un mécanisme, ancré en nous depuis la préhistoire, qui était à l’origine un système d’autodéfense. Ce mécanisme permettait à l’homme d’assurer sa survie et celle du groupe dès lors qu’il devait se déplacer pour chercher sa nourriture dans des terres inconnues.
De nos jours, assouvir sa faim est pour la majorité des populations moins difficile qu’auparavant. Pour autant, le goût du risque est toujours présent chez l’être humain et ce depuis l’enfance. Il est d’ailleurs perçu comme une qualité. Pourquoi ? Quels sont ses bienfaits sur le développement de l’enfant ?

La perception et les bienfaits du risque

Un enfant qui évolue dans un environnement inconnu et qui se met dans une situation inconfortable est un enfant en bonne santé. C’est ainsi qu’il étanchera sa soif de risque. Il est important, en tant que parent, d’assouvir le risque de temps en temps et ce, de façon mesurée. Les bienfaits sur la construction de son identité future en sont multiples comme nous allons le voir.

L’enfant deviendra un adulte autonome et responsable. En prenant connaissance de ses capacités, il sera en mesure d’identifier ses propres limites. Il développera ainsi un sentiment d’efficacité personnelle qui favorisera sa confiance et son estime mais également un sentiment d’appartenance au groupe. Ainsi, il trouvera facilement sa place parmi celui-ci.
L’enfant confronté à la prise de risque -mesurée- repoussera aussi plus facilement ses peurs et ses angoisses qui sont à l’origine de l’inconnu. En ayant une liberté de choix et d’actions, il développera un sentiment de confiance et de sérénité.
Enfin, il sera plus apte à la « débrouillardise ». Il utilisera tout son pouvoir de création pour trouver des solutions à ses problèmes et il aura appris à développer ses propres stratégies. Ainsi, le goût d’apprendre et l’envie d’être curieux le suivront tout au long de sa vie.

Les dangers de la surprotection

Si il y a 30 ans, l’enfant que nous étions redoutait l’autorité des adultes, il en va tout autrement des enfants de nos jours.

Tel un mini super-héro, l’enfant d’aujourd’hui paraît invulnérable. Il n’a peur de rien.
En effet, il semble s’être endurcit, ne craignant ni père, ni mère, ni institutrice, ni directrice… Il a le goût du risque et affirme ses choix haut et fort, quitte à parfois user de son pouvoir de négociateur hors-pair !
Le rôle de parent semble également s’être modifié. Dans un monde en perpétuel mouvement, dévasté par les catastrophes naturelles, les attentats, les guerres… mais aussi en raison des pressions sociales, l’adulte a quant à lui, développé une extrême vigilance à l’égard de la vie quotidienne.
Serait-ce pour cette raison que beaucoup de parents érigent leur enfant en « enfant-roi » et les surprotègent en leur évitant toute prise de risque ?

C’est un fait, de nombreux parents redoutent de voir leur enfant devenir autonome. S’ils acceptent facilement l’idée qu’il s’habille ou mange sans avoir besoin de leur aide, ça l’est moins qu’il grandisse et s’éloigne du « nid ». « Fais attention, tu vas tomber. » « Ne saute pas sur ton lit » « Ne cours pas » « Ne descend pas le toboggan sur le ventre » … Toutes ces mises en garde clamées par les parents sont autant de freins pour le développement serein de l’enfant et préjudiciables à la construction de son identité future.

Alors comment faire ?

Pour que l’enfant grandisse sereinement, il est conseillé de le responsabiliser dès le plus jeune âge. Par exemple, pour s’habiller, manger, aller à l’école : lui demander de l’aide à la hauteur de ses compétences comme mettre la table par exemple ou participer à nettoyer la maison…
Il est nécessaire de lui faire confiance et avant tout de se faire confiance. Un enfant qui se sent en confiance est un enfant qui prendra plaisir à faire une activité. Le parent doit veiller à rester vigilant et ne pas nier les dangers. Anticiper les risques reste un moyen sûr pour éviter un accident. Le bénéfice que l’enfant en tirera sera grand : prise de confiance et découverte de ses propres limites. Lors d’une activité intense aux yeux de l’enfant, il ne s’agit pas non plus de nier ses peurs. Il est important d’accueillir les émotions de l’enfant avec bienveillance, le confronter de manière graduelle à de petits défis et surtout l’encourager dans sa prise d’initiative. Enfin, lui témoigner de l’affection restera la plus belle façon de l’aider à grandir de façon épanouie et heureuse.

Emilie MIDROUET pour l’Association Oze

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