Les caprices, ça n’existe pas !

Les caprices, selon de nombreux spécialistes ne sont rien d’autre qu’un comportement de l’enfant qu’on ne comprend pas. Il est dû à un besoin de l’enfant non identifié. Donc le « vilain » caprice tel qu’on le conçoit généralement, en fait n’existe pas. Partie immergée de l’iceberg, il cache quelque chose de plus profond qu’il nous appartient à nous, parents de découvrir.

  • D’abord en le dédramatisant et lui ôtant toute connotation de manipulation ou de perversité.
  • En analysant les causes de ce comportement pour qu’il se reproduise le moins souvent possible.
  • Et en n’en oubliant pas pour autant nos principes d’éducation et la nécessité de savoir dire non quand il le faut.

On a tous un souvenir terrifiant de notre bout de chou se roulant par terre dans un supermarché parce qu’il veut tout de suite un paquet de bonbons. Ou de hurlements quand il est l’heure de quitter le toboggan du parc. Ou encore les pleurs à peine avons nous quitté l’école alors que la maîtresse vient de nous dire qu’il a été adorable toute la journée…

On a sans doute aussi en mémoire que face à ces comportements jugés « inappropriés » nous avons souvent cédé. Ou crié encore plus fort ou fuit désemparé et excédé dans une autre pièce…

Savoir décoder le caprice 

Avions-nous mis en marche le décodeur pour comprendre d’où venaient ces réactions, inexpliquées de prime abord ?

capricesParce qu’avant 5/6 ans, âge de la maturation du cortex préfrontal qui contrôle les impulsions, âge où l’enfant commence à percevoir que les autres ne pensent pas comme lui, les « caprices » sont presque toujours la conséquence d’un besoin non satisfait ou d’une émotion forte.

Que veut nous dire notre enfant ?  A-t-il besoin de sécurité (tel le bébé qui pleure pour réclamer les bras) ? De mouvement (tel l’enfant qui ne veut pas quitter son jeu) ? Ou de reconnaissance de ses sensations (comme celui qui n’aime pas certains aliments ou n’a pas faim) ? Mais peut-être aussi d’amour (comme le petit écolier qui a emmagasiné toute une journée d’expériences et de collectivité et qui libère ses tensions dès qu’il retrouve son parent) ?

Alors bien sûr, pourrions-nous penser, il pourrait nous le dire d’une autre façon, plus calme, plus distanciée. Sauf que cette capacité de calme, de distanciation, de « réévaluation » d’une situation est le propre (normalement !) de l’adulte mais pas de l’enfant. La maturation du cerveau de celui-ci n’est pas suffisante pour y parvenir.

caprices

Selon María Montessori, notre rôle consiste à proposer à l’enfant un environnement adapté (elle l’appelle préparé) à ses besoins intérieurs qui va lui permettre de s’approprier des compétences. Si un obstacle survient dans ce processus que la pédagogue nomme « période sensible », l’enfant va connaitre un bouleversement et l’exprimer parfois sous forme de « caprice ».

 

Mais, dans la « vraie vie » qu’est-ce qu’un « environnement adapté » éviteur de caprice?

Peut-être un temps de jeu suffisamment long pour pouvoir explorer sa motricité, qui ne soit pas écourté parce qu’il faut aller au supermarché. Peut-être justement ne pas l’embarquer systématiquement avec nous dans les magasins où les trop nombreuses stimulations visuelles et sonores dépassent sa capacité à les recevoir et les traiter, sans doute. Tout simplement lui prodiguer câlins et bisous pour remplir quand il en a besoin comme le dit Lawrence Cohen, psychologue américain, son réservoir d’amour quand il est vide.

« Accueillir » le caprice en gardant notre rôle d’éducateur 

Malgré tout, soyons lucides. Au cours de notre carrière de parent, on n’évitera jamais totalement l’apparition d’un « caprice ». Mais alors il faudra rester conscient que celui-ci n’est pas une attaque personnelle. C’est justement parce que nous sommes son référent affectif principal que l’enfant peut se laisser aller avec nous à décharger ses sensations négatives. On constate que le caprice est beaucoup plus fréquent avec les parents ou des très proches qu’avec des personnes plus éloignées.

Mais caprice ou pas, nous sommes là aussi et avant tout pour éduquer notre enfant. Il est donc de notre devoir de lui transmettre le principe freudien de plaisir versus réalité. C’est-à-dire la gestion de la frustration doit être intégré peu à peu si l’on ne veut pas en souffrir en permanence. On peut donc dire non, en expliquant qu’on ne peut pas faire ou avoir tout ce que l’on veut au moment où on le veut. Expliquer n’est pas négocier. C’est simplement reconnaître l’émotion de l’enfant, la verbaliser, l’accompagner dans ce moment délicat, l’aider à l’apaiser. Tout en restant solide car il a aussi besoin de sentir cette stabilité chez son parent, surtout dans ses phases d’opposition et de test. 

On doit aussi sans doute faire le deuil de « l’enfant idéal » qui ne fait jamais de caprices et du « parent idéal » qui y réagit toujours de façon pertinente. Car, nous le savons bien, ni l’un ni l’autre n’existe ! Pas plus que les caprices !

Emmanuelle R. pour l’association OZE

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