On le sait et on le constate, la vérité ne sort pas toujours de la bouche de nos enfants ! Petit ou gros, le mensonge fait partie de la vie intime de nos Pinocchios à nous. Comment ? Pourquoi ? Que faire ? Tour d’horizon des menteries enfantines.
Bobards, craques et autres mensonges.
Tous les mensonges ne sont pas du même type. Avant 5/6 ans, le mensonge conscient n’existe pas. Cependant à partir de cet âge là, avec l’appropriation du langage, l’enfant réalise qu’il peut avec ses mots transformer la réalité. Il s’agit d’un super pouvoir dont il ne va pas se priver. C’est le temps des mondes imaginaires dont il est le héros, des histoires qu’il se raconte et nous raconte. C’est le « mensonge normal » de Maria Montessori ou le « mensonge imaginatif » d’Alexander S. Neill.
Un peu plus tard, l’enfant va prendre conscience qu’il peut avoir une pensée personnelle. Il comprend qu’il n’est pas « transparent » pour ses proches, qu’on ne peut pas lire dans sa tête. Et cet outil, gage de liberté, il va aussi le tester pour :
- Se protéger et éviter une punition ou une remontrance. Par exemple : « C’est pas moi qui ai cassé le vase, c’est le chat ! ». L’omission est aussi employée. Par exemple pour une mauvaise note.
- Se valoriser face aux autres. Par exemple : « ma maison elle est géante, elle a une piscine et un stade de foot ».
- Travestir une réalité trop dure. « Mon père il voyage dans le monde entier pour son travail » (alors qu’il est sans emploi).
- Élargir son champ de liberté. « Je suis allée chez Léa pour faire mes devoirs » (au lieu de je suis allée dans le centre commercial avec Léa).
Tous ces petits arrangements avec la vérité ne sont pas forcément graves. Et ils font même partie, selon les spécialistes, telle la psychologue Dana Castro, du développement de l’enfant. Cependant ils méritent toujours d’être pris en considération.
On ne va pas se raconter d’histoires…
Non, on ne va pas laisser notre enfant nous raconter une histoire sans lui pointer à chaque fois que l’on n’est pas dupe. « Je connais la vérité, peux-tu me redire toi, comment les choses sont réellement ? ». Une occasion pour lui de « réparer » son mensonge et pour nous de le féliciter de sa nouvelle version. Et évidemment, il faut nous interroger sur les causes et origines de ses mensonges.
Sommes-nous trop exigeants ? Trop sévères ? Ou trop intrusifs dans son jardin secret pour qu’il veuille se protéger ou conquérir plus de liberté personnelle ? A-t-il un manque de confiance en lui qui lui fait s’inventer des attributs plus attractifs ? Peut-il souffrir d’une situation familiale, de non-dits pour avoir le besoin de réinventer sa vie? À partir de là, il nous faudra engager un dialogue et accompagner notre enfant pour l’aider à se sentir mieux et à ne plus avoir recours au mensonge comme protection.
En parlant avec lui, et en lui renvoyant l’image d’un enfant qu’on sait au fond honnête et à qui on veut faire confiance, il va sans doute aussi déculpabiliser. Car, à partir de 7 ans, l’enfant est très conscient des notions de bien et de mal. Il sait donc pertinemment que le mensonge se range dans la deuxième catégorie. Dans les cours de récré, l’insulte suprême n’est-elle pas « Menteur ! » ou dans sa version plus contemporaine, « Mytho ! ». Il a donc besoin aussi qu’on ne lui colle pas sur le front (ou sur le nez comme Pinocchio) une étiquette indélébile de « menteur ».
Le mensonge : qu’en penser alors ?
Le mensonge n’est donc rien de très grave, sauf s’il devient systématique et/ou s’inscrit dans un ensemble de troubles du comportement (manipulation, refus de l’autorité, violence …) en modifiant du même coup, la qualité des relations familiales ou sociales. Là, bien sûr, il est nécessaire de se faire accompagner par un professionnel spécialiste.
Mais dans la majorité des cas, le mensonge reste un phénomène normal chez l’enfant. Une étude scientifique avance le chiffre de 20% d’enfants entre 6 et 8 ans qui mentent fréquemment et 60% occasionnellement.
Les choses s’arrangent-elles à l’âge adulte ? Pas si sûr ! Une autre étude stipule qu’en moyenne un adulte mentirait deux fois par jour ! Mais çà, c’est une autre histoire !
Croix de bois, croix de fer ! Si je mens….
Emmanuelle Requena pour l’association OZE.
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