Devinette : quel est le point commun entre Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, Serguei Brin et Larry Page de Google ainsi que Jimmy Wales qui a imaginé Wikipédia ?
Non la réponse n’est pas d’ordre financier ou fiscal mais remonte à leur enfance ! Ces grands noms des géants du Web, visionnaires et développeurs de talent, sont tous passés par la méthode Montessori. On entend de plus en plus parler de cette méthode, de cette pédagogie ; elle est même souvent présentée comme « la » méthode miracle.
Le 31 Août 2012, jour anniversaire de la naissance de Maria Montessori, Google a même rendu cet hommage à la pédagogue dans sa page d’accueil car Serguei Brin et Larry Page attribuent une grande part de leur réussite à cet environnement pédagogique qui leur a permis d’approfondir leurs propres centres d’intérêt.
Imaginée par Maria MONTESSORI (1870-1952), première femme médecin en Italie, cette méthode basée sur l’observation et la réaction des enfants a encore du mal à s’imposer en France. L’Education Nationale reste méfiante face à cette pédagogie pourtant relativement ancienne. Elle est cependant extrêmement répandue aux Etats Unis où des centaines d’écoles se réclament de cet enseignement particulier.
A l’origine imaginée pour des enfants déficients, Maria Montessori l’a rapidement appliquée à des enfants scolarisés. Elle repose sur l’idée directrice qu’il faut s’adapter au rythme et à la personnalité propre de chaque enfant. Comment mieux appréhender cette approche pédagogique que de citer Maria Montessori elle-même « l’enfant n’est pas un vase que l’on remplit mais une source que l’on laisse jaillir ».
Les grands principes Montessori sont les suivants :
- De façon naturelle, l’enfant est curieux et expérimentateur. Il est prêt à tout absorber « comme une éponge ».
- L’enfant connait différentes phases appelées « périodes sensibles », phases durant lesquelles il va s’intéresser plus à un domaine et moins à un autre. Il faut le laisser libre de se consacrer à ce qui l’anime dans cette période car lui imposer un autre domaine d’apprentissage peut être absolument inefficace et improductif.
- Pour s’approprier des notions abstraites, il faut lui permettre la manipulation sensorielle (par exemple les fameuses lettres rugueuses qui, par leur toucher, vont aider l’enfant en graphisme) ; nous verrons dans la pédagogie Montessori l’importance du matériel.
- L’enfant doit aller au rythme qui lui est propre et l’éducateur doit rester en retrait face à l’enfant sinon il risque de l’« étouffer ». C’est cet aspect qui reste le point le plus critiqué de la méthode même si nous verrons que s’il intervient moins qu’en apprentissage classique, l’éducateur Montessori se place en revanche en position d’observateur et de guide.
- Il n’existe pas d’évaluation et de classement dans les écoles Montessori.
Les écoles Montessori sont rares en France car peu encouragées par l’Education Nationale.
Elles sont donc pour la plupart très chères (environ 7.000 euros l’année).
C’est assez difficile à comprendre car, à l’origine, cette méthode a été développée par Maria Montessori dans un quartier défavorisé de Rome. Une classe pilote avait récemment été mise en place à Gennevilliers, dans une ZEP. Sa responsable, Céline Alvarez, est parfaitement convaincante ; le projet n’a malheureusement pas été poursuivi et étendu malgré une réussite totale.
J’ai donc discuté de cette méthode avec Delphine, institutrice de maternelle dans une école classique et qui précise immédiatement qu’elle ne peut appliquer que partiellement la méthode Montessori dans sa classe de PS/MS. Elle le fait dans le cadre d’ateliers l’après-midi quand les enfants se réveillent en ordre dispersé et quand, forcément, ils sont moins nombreux. La matinée de classe est, elle, organisée de façon traditionnelle.
Cette idée d’introduire la pédagogie de Maria Montessori a été très bien accueillie par la directrice de l’école et Delphine remarque qu’autour d’elle, de plus en plus de professionnels de l’éducation se forment et que les parents dans leur grande majorité sont très demandeurs.
Elle a d’ailleurs ouvert des ateliers le mercredi à dimension purement ludique mais néanmoins éducatifs pour les plus petits, et ces ateliers connaissent un franc succès.
Dans le cadre de sa classe de maternelle, elle met donc à disposition des enfants l’après-midi une grande variété d’ateliers différents. Ils ont tous en commun de permettre à l’enfant par le toucher et la manipulation sensorielle d’acquérir à leur rythme des apprentissages. Chaque enfant va chercher lui-même l’activité qui l’intéresse, le matériel est toujours mis à hauteur de l’enfant afin qu’il puisse développer cette autonomie si chère à Maria Montessori.
Le tout dans une ambiance très calme et ordonnée malgré le très jeune âge des enfants.
Le matériel est toujours tactile et coloré. Grâce à différentes manipulations, l’enfant va progressivement visualiser de façon très concrète le résultat de notions abstraites.
L’enfant n’est jamais mis en difficulté devant un atelier car l’éducateur aura forcément montré l’atelier et son objectif avant. A chaque matériel, il y a un objectif. C’est à l’enfant d’y arriver à sa façon et avec le temps qu’il lui faut. Il n’y a pas d’enfant lent en classe Montessori, juste des enfants qui ont leur propre rythme.
L’idée directrice est donc le libre-service car l’enfant est infiniment plus motivé ; il fait le travail pour se construire « lui » et pas pour faire plaisir ou pour obéir à la maîtresse. Delphine me parle beaucoup de l’intelligence émotionnelle car on donne à l’enfant l’envie d’apprendre. De plus, ils sont seuls sur chaque atelier donc aucune compétition entre eux ; cependant chaque enfant peut aider son camarade en difficulté. On développe donc beaucoup le savoir être et le savoir-faire, et cette pédagogie renforce de façon spectaculaire la confiance en eux.
Cela permet sans aucun doute aux enfants qui ont suivi un enseignement Montessori de s’adapter dans la grande majorité des cas sans aucun problème à un autre environnement qui leur sera inévitablement proposé lors de l’entrée au collège si ce n’est avant.
Maria Montessori a longuement observé les enfants avant de développer sa méthode. C’est sans doute pourquoi elle semble si naturelle et en faveur d’un véritable épanouissement des enfants. Je dois avouer qu’en préparant cet article je n’ai trouvé quasiment aucun avis négatif sur cette pédagogie lorsqu’elle s’adresse aux plus petits.
Les enfants passés par cette méthode sont curieux, ouverts sur le monde, ont souvent plus confiance en eux, sont plus autonomes et organisés et cette méthode leur a surtout permis d’acquérir cette notion essentielle pour le reste de leur scolarité et surtout de leur vie « le plaisir d’apprendre ».
Merci à Delphine pour sa disponibilité et son enthousiasme communicatif … 🙂
Béatrice PINAULT, pour l’association Oze
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