Quel parent ne s’est jamais interrogé sur la meilleure manière d’accompagner son enfant vers la réussite (scolaire, sociale, sportive…) ?
Persévérance ou intelligence ?
Les dernières découvertes en neurosciences nous permettent d’affirmer aujourd’hui que la Réussite avec un grand « R » serait davantage liée à la persévérance qu’à l’intelligence. De quoi démonter bon nombre d’idées reçues et ouvrir de nouveaux horizons pour l’avenir de chacun !
Angela Lee Duckworth, professeure et maître de conférence, est l’auteur de « La Clé du Succès ? La Ténacité ». En corrigeant ses copies, elle s’est tout d’abord interrogée sur les grandes différences de notes entre certains élèves. « Je savais que ce n’était pas une question d’intelligence » précise-t-elle. Car les meilleurs élèves n’obtenaient pas nécessairement les meilleures notes.
Dans ce cas, si l’intelligence ne faisait pas tout, quels autres facteurs détermineraient le potentiel de réussite des uns ou d’échec des autres ?
Pour répondre à cette question, Angela a lancé une étude de grande envergure. Résultat : aucune corrélation n’a pu être établie entre le quotient intellectuel des participants, ni avec les résultats scolaires, ni professionnels.
En revanche, il apparut très nettement un lien direct entre la réussite et la volonté du principal intéressé à atteindre son objectif. Autre lien : sa capacité à persévérer en dépit des difficultés rencontrées.
Cette combinaison de facteurs se nomme « grit » en anglais. Concept sans véritable équivalent en français, il signifie à la fois passion, endurance et persévérance.
Une question demeure : ledit grit est-il inné ou peut-il s’acquérir ? Et si oui, comment travailler cette qualité, révélée aujourd’hui comme l’atout indispensable pour réussir ? Et, en tant que parent, comment agir concrètement pour convaincre son enfant de persévérer, lorsque la réussite tarde à se manifester ?
Force est de constater, qui plus est, que les enfants réagissent différemment face à la déception, à l’erreur et à l’échec.
Statique et dynamique ?
Depuis des dizaines d’années, Carol Dweck, psychologue et professeure à l’Université de Stanford, mène des recherches dans le domaine de la motivation, des performances et de la réussite.
En l’an 2000, elle avança le concept d’« intelligence fondée sur l’évolution personnelle ». Elle définit les enfants empreints d’un « état d’esprit fixe », qui pensent que leur intelligence est une donnée immuable. Selon elle, ils sont moins enclins à relever un défi, par conséquent à se montrer persévérants, que les enfants dotés d’un « état d’esprit développeur ». Ces derniers sont intimement convaincus qu’ils peuvent devenir plus efficaces en s’entraînant.
L’expérience suivante illustre ses conclusions. Carol a sollicité des enfants de 8 ans, répartis en 2 groupes, sur l’assemblage de puzzles toujours plus complexes. Lorsque les élèves du premier groupe avaient terminé un puzzle, un assistant vantait leur intelligence et leurs mérites. Tandis que ceux du second groupe étaient « juste » félicités pour avoir fait de leur mieux.
Lorsqu’il leur fut proposé de tenter le niveau de difficulté supérieur, ce sont majoritairement les enfants du second groupe qui s’y adonnèrent (avec succès).
L’explication : les élèves qualifiés d’intelligents craignaient de perdre leur statut en cas d’échec. Cette crainte bride alors toute persévérance potentielle.
Aussi, il est essentiel de concentrer son attention de parent (ou d’enseignant) davantage sur le processus d’apprentissage et les efforts fournis pour réussir, aux dépens du résultat. Et d’interpréter les erreurs comme des opportunités de développement. Car ce sont elles qui permettent de grandir et d’intégrer qu’il est toujours possible de progresser.
Imagez le cerveau comme un muscle auprès de vos enfants. Ces derniers comprendront aisément qu’ils peuvent le rendre plus fort par l’entraînement, les exercices, les répétitions, etc…
Tout enfant guidé par cette philosophie obtiendrait à terme de meilleurs résultats à l’école !
Encore faudrait-il actualiser le système scolaire, principalement orienté aujourd’hui sur les notes et la performance. A bon entendeur…
Trois attitudes pour promouvoir la persévérance
Pour finir, parce que l’éducation positive se joue au quotidien, parce qu’elle se lit mais aussi et surtout se vit, je tenais à partager avec vous trois conseils pratiques. Je les tiens d’Andrea Loewen Nair, psychothérapeute et conseillère en éducation. Il s’agit d’aider nos enfants, quel que soit leur âge, à faire de l’échec un tremplin pour réussir.
1/ Apprenez la frustration à votre enfant.
Ne cherchez pas à protéger à tout prix votre enfant d’une situation complexe, voire juste désagréable. Par exemple, n’hésitez jamais à lui demander d’éteindre la télévision, ranger sa chambre, répéter sa nouvelle partition de piano, etc… Il s’agit naturellement de trouver un juste milieu, de ne pas trop lui en demander, de donner du sens à chacune de vos sollicitations et de lui octroyer de vrais espaces de liberté, mais il est sain que l’enfant soit frustré, de temps en temps… C’est ainsi qu’il apprendra à faire face à ce sentiment, pour ensuite laisser place à un regain de motivation !
2/ Montrez-vous compatissant lorsque votre enfant se montre déçu ou découragé.
Nommez l’origine de son désarroi : « Je vois que tu as du mal à retenir cette table de multiplications. ». Amenez-le à parler « ressenti », à nommer ses émotions : « Je vois bien que tu es en colère, n’est-ce pas ? ». Tentez d’en déceler la cause : « De quoi as-tu peur ? (Peut-être de ne pas y arriver seul, d’être moins doué que certains camarades de classe, de vous décevoir…) ». Privilégiez autant que possible les questions ouvertes. Elles l’amèneront ainsi à s’exprimer, à mieux extérioriser. Ecoutez-le, faites preuve d’empathie et de compréhension et surtout, abstenez-vous de le juger.
3/ Montrez l’exemple.
Votre enfant apprend bien plus en vous regardant qu’en vous écoutant ! Vous avez tendance à vous emporter lorsqu’une situation vous échappe ? Essayez à votre tour de comprendre ce qui vous amène à réagir de la sorte. Et trouvez les moyens de changer votre comportement.
Magalie Rocher pour l’association Oze
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