Dans une société où les valeurs traditionnelles sont en perte de vitesse et où la cellule familiale est fragmentée, les individus cherchent à mettre en lumière leurs racines.
La psychogénéalogie est une théorie selon laquelle les événements, traumatismes, relations conflictuelles, les secrets, vécu par les ascendants d’un individu conditionneraient ses faiblesses constitutionnelles, ses troubles mentaux, sa sensibilité psychologique mais aussi ses maladies ou bien ses comportements inquiétants et inexplicables.
A travers cette théorie, l’étude de l’arbre généalogique attise de plus en plus les esprits. Il s’agit de faire une analyse afin de calmer les angoisses de l’individu, et lui expliquer ce qui pour lui était alors inexplicable.
Cette analyse transgénérationnelle montre qu’il existe une forme de reproduction inconsciente entre les générations. Le fait de s’en rendre compte permet de se déculpabiliser et éventuellement de se débarrasser de certains comportements ou traumatismes.
Anne Ancelin Schutzenberger, psychothérapeute française à l’origine des apports dans le champ de la psychogénéalogie, définit cette thérapie comme un moyen de se « choisir soi et son propre chemin ». Elle a créé le « génosociogramme », un arbre généalogique constitué des faits marquants et des événements importants, heureux ou malheureux, relevés sur plusieurs générations.
L’histoire familiale a un poids important dans le mental d’un individu. La psychologie humaine est très complexe et porte une infinité d’explications. Il se peut qu’un individu se trouve dans l’incapacité de construire sa propre vie sans par ailleurs connaitre ses origines. Dans chaque famille, les événements antérieurement vécus laissent une trace affective au fil des générations et viennent bouleverser et parfois traumatiser le cours de notre vie.
Ainsi, il est important d’éclairer les recoins du passé pour ensuite être maître de soi et de sa vie. Nous sommes nous sans exception le produit de notre origine.
Le thérapeute, en exerçant cette analyse grâce à l’outil principal qu’est l’arbre généalogique, va décoder le sens-caché en prenant en compte les oublis, les lapsus que l’individu pourra commettre. Pour ensuite, développer une réelle explication et permettre à l’individu face à l’arbre généalogique de trouver le sens de son héritage.
Les questions existentielles que se pose l’être humain sont tout à fait légitimes, mais celles-ci peuvent avoir un effet dévastateur.
D’où viens-je, pourquoi moi ? Nous avons, à un moment dans notre vie, le besoin de lever le voile sur nos racines, ce qui fonde notre propre existence.
Des sources multiples
Une femme peut ainsi développer un cancer à l’âge où sa mère est morte, ou bien avorter au même âge que sa mère ou grand-mère.
On souffre de quelque chose dont on ignore la cause, il s’agit alors de découvrir le secret.
Le point de départ de cette analyse transgénérationnelle est souvent basé sur l’apparition d’une maladie, un deuil ou biens des problèmes relationnels.
A chaque accouchement, Elisabeth est terrorisée à l’idée de perdre son enfant. Sans raison apparente puisque tout se passe bien. Il faut remonter jusqu’à ses arrière-grands-parents pour comprendre. Son arrière-grand-mère a perdu son premier enfant. Le grand-père d’Elisabeth, arrivé le second, est donc devenu l’aîné, sans avoir réellement cette place dans le cœur de sa mère. Le deuil de ce premier enfant a si peu été fait qu’Elisabeth répugne à inscrire la date du décès sur l’arbre familial. Cet événement devenu tabou se répercute sur sa vie à elle, en provoquant des angoisses à première vue inexplicables.
Une psychothérapie en plusieurs étapes :
C’est un travail profond qui nécessite une grande énergie de la part du patient. Ce dernier devra partir à la recherche de nombreuses informations qui permettront ensuite au thérapeute d’élaborer une analyse précise.
La première étape : La personne se présente en consultation avec les informations qu’elle a pu récolter sur l’état civil de ses ascendants. Ainsi, le médecin pourra l’aider à décrypter et organiser ses informations.
Lors de la seconde étape, le patient se rend en consultation pour régler un problème qui l’affectionne particulièrement au quotidien. Le psycho-généalogiste va donc, à travers l’arbre généalogique, remonter à la source du problème. Il insistera également sur les traumatismes qui ont pu se transmettre au fil des générations. L’individu n’a pas assez de recul pour pouvoir décrypter son problème seul, alors la psychothérapeute va questionner la mémoire familiale et replacer ces éléments dans le contexte familial, social et historique de son patient. Cette étape est bien l’étape clé de cette analyse.
L’ultime étape, est en quelque sorte un résultat. En effet, pour certains le simple fait de comprendre d’où viennent ces angoisses lui permet d’aller mieux rapidement. Cette méthode agit de façon très souvent immédiate.
Pour d’autres, cette prise de conscience sera suivie d’une thérapie traditionnelle afin de leur permettre d’accepter ces informations et construire sa vie avec.
La durée de cette thérapie varie d’une personne à une autre, mais en général on compte une dizaine de séances en moyenne.
Efficacité et rapidité : la psychogénéalogie fait des prouesses
Evidemment, il est impossible de mesurer avec précision l’efficacité qui varie d’une personne à une autre. Mais les résultats sont indéniables.
Cette méthode fonctionne très bien chez ceux qui ressentent un malaise profond qui les submerge.
Les questionnements irrationnels empêchent l’individu d’aller bien.
L’effet guérison est dans beaucoup de cas spectaculaire. Le blocage que l’individu ressent avant la consultation peut être entièrement supprimé. En consultant, la personne comprend son passé et se rend compte que dans sa propre vie, finalement, rien ne cloche.
Les histoires et les personnalités seront déterminantes et feront que le temps de guérison pourra être plus ou moins long. Une histoire familiale peut être riche et difficile à démêler. Ce processus psycho-généalogique est un point central car il permet de s’aider soi mais aussi de rompre la transmission des angoisses, traumatismes et non-dits et vivre sur des bases sereines.
Cette discipline s’impose considérablement en France de nos jours mais suscite encore de la méfiance chez certains psychologues. Cependant, depuis peu, cette technique se démocratise largement et fait l’objet de nombreux écrits et débats.
Livia QUARDELLE pour l’Association Oze
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