Que penser de l’école à domicile ?

Home-schooling ou école à la maison… En France, 30 000 enfants ne sont pas scolarisés et ont pour professeur un de leurs parents. La maison et les parents peuvent-ils remplacer l’école et les profs ?

Un choix et un droit

Depuis un célèbre Jules Ferry, l’instruction est obligatoire de 6 à 16 ans. Mais qui dit instruction ne dit pas forcément scolarisation. « L’instruction obligatoire peut être donnée soit dans les établissements ou écoles publics ou privés, soit dans les familles par les parents, ou l’un d’entre eux, ou toute personne de leur choix. », indique en effet la loi. Instruire soi-même son enfant est donc tout à fait légal, à condition d’en informer chaque année le maire et l’inspecteur d’académie.

D’année en année, davantage de familles appliquent ce droit. Ainsi depuis deux ans, on voit de plus en plus de parents déçus de l’école qui optent pour l’instruction en famille, seuls ou avec d’autres parents. C’est une situation vraiment inédite, en lien avec la crise. On ressent une réelle inquiétude des parents, une prise de conscience que l’école ne répond plus aux besoins de la société. Un mouvement qui fait aussi écho au malaise de l’école : enseignants ayant de plus en plus de difficultés à se poser en tant qu’adultes face à leurs élèves, classes surchargées, etc. Et au sein de cette mouvance, la tendance du maternage – accouchement à domicile, allaitement long, éducation non violente… – fait aussi son nid, signant un repli sur le cocon familial.

On distingue deux formes de home-schooling :

– le CPC, ou Cours Par Correspondance : les enfants sont inscrits à des cours par correspondance publics (CNED,) ou privés (Legendre, Pi, EPC, Valin). Ces cours suivent le programme scolaire, et dans chaque matière, des devoirs, corrigés et notés par l’organisme, sont régulièrement envoyés.

– l’IEF, pour Instruction En Famille : les enfants sont instruits en famille, sans cours par correspondance reconnus par l’Etat. Les enfants sont soumis à des contrôles annuels pédagogiques réalisés par des inspecteurs de l’éducation nationale. En 2005-2006, 2869 enfants étaient concernés par l’IEF.

L’éducation est-elle efficace ?

A l’école, on apprend bien plus que lire, écrire, calculer. On apprend à vivre avec les autres en intégrant les contraintes propres au groupe, en faisant l’expérience des limites de sa propre liberté face à celle des autres, et ce dans la moindre activité : prendre la parole en classe, mais aussi attendre son tour pour se laver les mains. L’école est le premier lieu de rencontre de l’altérité. Et c’est l’inconvénient majeur de l’IEF que de priver l’enfant de cette expérience. Les relais régionaux des associations de parents IEF, comme « les Enfants d’abord », organisent régulièrement des rencontres entre familles de non-sco, occasion pour les enfants de se rencontrer. Il y a aussi toutes les activités extra-scolaires : sport, musique, dessin, etc… Mais cela ne saurait suffire. Car aller à l’école, c’est aussi ne pas mélanger les genres : la vie privée et la vie à l’école.  A l’école, l’enfant a sa propre vie, il construit son intimité. A la maison, l’adulte assiste à tout. L’intime n’est pas respecté…

Conclusion :

Le home-schooling peut s’avérer être un problème financier ou professionnel pour le ou les parents en charge. En effet, l’école à la maison s’adresse aux parents aptes intellectuellement à endosser la lourde responsabilité de l’instruction, et qui ont du temps à y consacrer. Malgré cela, une bonne éducation passe aussi par la sociabilisation de l’enfant qui, dans la société actuelle, éprouve un besoin de se faire une place parmi ses camarades. L’école peut parfois se montrer impitoyable et cruelle mais la solution n’est pas de limiter l’enfant au cocon familial, bien au contraire…

Yoann

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