Ecriture manuelle : composante fondamentale de l’apprentissage

écriture manuelleNous écrivons depuis plus de 50 millénaires. Sur de la pierre, du papyrus, du papier. Avec un stylet, une plume, un stylo. Dans une ère où l’on s’en remet de plus en plus à la machine, cette écriture manuelle a-t-elle encore une signification, une efficacité, notamment dans le processus d’apprentissage ? Le point avec différents spécialistes qui se sont penchés sur la question.

Ce que les experts disent de l’écriture manuelle

« C’est par la main que se forme l’esprit » affirmait Maria Montessori. Elle mettait en avant la boucle main, cerveau, main dans le principe d’apprentissage. Sur la base d’études expérimentales, plusieurs chercheurs semblent croire aujourd’hui encore en ce principe. Ils affirment que le geste de l’écriture développe une mémoire motrice fondamentale pour l’assimilation des connaissances.

Denis Alamargot, professeur en psychologie cognitive. « Lorsque l’on écrit avec un crayon, on fait appel à la totalité de l’intellect en sollicitant les deux lobes cérébraux via une activité à la fois manuelle et intellectuelle ». De cette façon, on expérimente une forme d’équilibre, de sens du rythme, de rigueur et de synthèse. On apprend en écrivant.

Pour Pam Mueller et Daniel Oppenheimer, psychologues américains, ceci est valable pour le jeune enfant qui apprend à écrire. Il va mémoriser une lettre ou un mot beaucoup mieux en l’écrivant qu’en le voyant ou l’épelant. De même plus tard dans la rédaction, où le geste de « créer » sur papier ce qu’il a à l’esprit va donner un résultat beaucoup plus qualitatif que s’il tapait sur un clavier. Ou encore pour l’étudiant : par la prise de notes manuelles, son cerveau fera un tri et une synthèse qui permettront de « fixer » des concepts dans sa mémoire.

Jean-Luc Velay est chercheur en neurosciences cognitives. Il ajoute que, par l’écriture manuelle, le cerveau relie l’expérience physique à la signification. Ce que peu de compétences motrices permettent de faire aussi intimement.

écriture manuelle

Ecriture manuelle, quelle place dans l’enseignement d’aujourd’hui ?

Si l’on écrit encore à l’école, il est évident qu’on le fait beaucoup moins qu’il y a quelques décennies. Peu d’écoliers écrivent encore à la main, sur leur cahier l’énoncé d’un exercice. Les photocopies ont largement envahi les salles de classe. Pourquoi ? Sans doute, parce que ça prend un  temps certain qui peut être utilisé à d’autres activités. Peut-être parce que certains enseignants n’ont pas conscience que l’écriture est justement partie intégrante de l’apprentissage. Souvent, ils ont peu été formés à la graphomotricité. Et bien sûr, parce que l’écriture dactylographique, via les ordinateurs est de plus en plus présente à la maison ou dans les écoles.

Très jeunes, les enfants sont en effet en relation avec un clavier. Dans les années 2000, certains états américains et la Finlande avaient même totalement délaissé l’écriture manuelle dans les écoles au profit de l’écriture numérique. Avant de faire finalement marche arrière quelques années plus tard.

Pourtant en tapant sur un clavier, geste est automatique et toujours identique. On ne mobilise pas la «  focalisation attentive qui favorise l’apprentissage mêlant mémoire motrice et mémoire visuelle » ajoute Jean-Luc Velay. Pour Denis Alamargot, « le codage moteur essentiel à la mémoire que l’on s’approprie en traçant une forme n’existe pas lorsqu’on utilise le clavier qui n’est qu’un simple appui ». De plus quand on écrit sur un ordinateur, «  il y a une séparation entre deux espaces, celui du clavier et celui de l’écran au lieu d’un seul espace réduit et homogène quand on écrit sur une feuille » complète Jean-Luc Velay. Pour autant pas de diabolisation du clavier ! L’écriture numérique en tant qu’apprentissage d’une technologie, oui ! Mais pas en remplacement d’une écriture manuelle pour l’assimilation des connaissances fondamentales.

Autres perspectives

écriture manuelleNous pourrions aussi évoquer l’importance de l’écriture unique pour chaque individu en tant que composante de notre personnalité, et qui de fait disparaît avec l’écriture numérique standardisée. Mais cela serait une autre histoire… Retenons juste qu’au regard des premières études menées jusqu’ici, il semble que l’écriture manuelle ait un lien très clair et non substituable avec l’apprentissage. Kant n’a-t-il pas dit que « la main était la partie visible du cerveau » ?

Sur ce, je pose mon stylo de rédactrice manuelle que je suis restée, pour passer sur mon clavier et vous faire partager ainsi cet article. Bonne lecture ! Bonne écriture !

Emmanuelle R. pour l’association Oze

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