Une étude de l’Université de Harvard semble mettre en évidence un lien entre la maltraitance et certains marqueurs génétiques.
Il s’agit d’une étude pilote sur un groupe de 32 hommes. 17 d’entre eux ont subi des violences et 2 des abus sexuels. L’analyse de l’ADN de leurs échantillons de sperme a montré des différences sur certains gènes liés à la fonction immunitaire ou au fonctionnement cérébral. Il serait ainsi possible de distinguer les victimes des non-victimes.
La maltraitance et les cicatrices moléculaires
Ces « cicatrices moléculaires » correspondent en fait à la méthylation de l’ADN. C’est-à-dire le processus par lequel des groupes méthyles sont ajoutés à la molécule d’ADN et modulent l’expression des gènes. En clair, ces « cicatrices moléculaires » agissent sur le fait que les gènes s’expriment ou deviennent silencieux. Un peu comme des clés qui permettraient d’ouvrir ou pas certains tiroirs.
Plus généralement, l’épigénétique a profondément modifié notre compréhension de l’évolution des espèces. Si l’ADN demeure le programme initial, chacun peut moduler l’expression des gènes au travers de facteurs environnementaux ou de son comportement propre. Ainsi, la nutrition, le management du stress ou le réseau social donnent la capacité à transformer le programme initial qu’est l’ADN.
Par exemple, un même œuf fécondé d’abeille donnera soit une ouvrière si la larve est nourrie successivement à la gelée royale et à la bouille larvaire, soit une reine si elle est nourrie exclusivement à la gelée royale.
L’épigénétique, la grande révolution de ces dernières années
On comprend de mieux en mieux comment notre environnement influence l’expression de nos gènes. On sait comment des situations d’insécurité extérieure telles que les conflits ou les violences faites aux enfants produisent du stress. Mais ces situations extrêmes ne sont pas les seules à laisser des traces. Le manque de nature ou une surexposition aux écrans interfèrent sur les apprentissages, sur la mémorisation.
Déjà le psychologue américain, Thomas Gordon a montré le lien entre milieu social défavorisé ou favorisé du jeune ado ou adulte sur le chemin de la violence et de la maltraitance. Et l’influence de l’environnement éducatif et l’interaction avec le jeune. Tous ces facteurs environnementaux orientent donc l’expression des gènes. C’est donc bien l’addition des gènes (l’inné) et de l’environnement (l’acquis) qui influencent ensemble nos comportements.
C’est une des raisons qui motive l’association Oze à faire connaître les outils de la psychologie positive. Pour aider chaque parent, là où il est, à construire des relations de qualité. A créer un environnement inspirant pour le bien être de l’adulte en devenir. Et les articles de chaque blogueur vous donnent plein de pistes à explorer.
Une science en devenir
Pour revenir à l’étude réalisée à l’Université de Harvard, la question qui se pose est le caractère transmissible aux générations suivantes de ces « cicatrices moléculaires ». Comment cette modulation de l’expression des gènes passe-t-elle dans l’ovule alors que les marques génétiques sont nettoyées au moment de la fécondation ?
Un beau sujet d’étude pour les chercheurs et de réflexion pour les philosophes. Reste à confirmer si des caractères acquis comme le stress ou les addictions peuvent être transmis de façon héréditaire. Quoiqu’il en soit, une éducation bienveillante au quotidien favorisera la transmission de comportements non violents. Et contribuera ainsi à lutter contre la maltraitance des enfants.
Eliane COEFFIC pour l’Association Oze
Sources :
https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/saison-10/421835-la-grande-librairie.html
(Joël de Rosnay – L’épigénétique c’est fantastique)
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