C’est une question que je me pose souvent : « si c’était à refaire, referais-je des enfants ? » C’est une question qui est venue de la part de jeunes femmes dans la vingtaine lors d’un stage de développement personnel. Elles avaient besoin et envie d’un retour d’expérience franc et honnête. Loin du politiquement correct et des pensées bien pensantes. Elles étaient à la bonne adresse avec moi 😉
Je n’ai pas pu répondre à cette question du tac-au-tac par un oui franc ou un non plein de regrets. J’ai eu besoin de développer ma réflexion pour donner une réponse en nuance.
Referais-je des enfants ? Je n’ai pas pu dire un OUI franc
Car j’ai maintenant pris toute la conscience de ce que j’ai perdu en ayant des enfants :
L’indépendance
Quoique je fasse dorénavant je ne suis plus toute seule. Tout ce que je fais (dis, pense, …) a des conséquences sur mes enfants. Différemment d’un mari ! On peut divorcer et ne plus jamais se parler ? Avec un enfant on ne peut pas faire ça, il y aura toujours un lien. Je ne suis plus toute seule et d’autres personnes dépendent de moi. Ça c’est un peu dur à gérer quand on a soif d’indépendance. Et quand on veut vivre sans attaches et sans avoir de comptes à rendre.
La sérénité
Je vis toujours avec une angoisse. Une angoisse latente mais toujours présente. Et il faut apprendre à vivre avec elle. Angoisse que mes enfants meurent, se blessent gravement, tombent malade, se fassent harceler, violer, kidnapper, etc. Bon vous avez compris : que des choses gaies…
Mon insouciance
Ils ont bougé trop de choses en moi. Mon identité, ma place, mes ambitions… C’était très dur à vivre, ça a remis en question toute ma vie. La grossesse et les premières années des enfants, c’est un gros bouleversement dans une vie. Et ça va chercher des choses en nous que nous ne pensions pas avoir. Physiquement déjà ! Gérer la fatigue est très compliqué et ça touche à plein d‘autres domaines que juste « dormir ». Psychologiquement, ça va tellement remuer toute la boue que tu as dans la tête que c’est très compliqué de ne pas perdre pied.
Referais-je des enfants ? Je n’ai pas pu dire un NON plein de regrets
Car mes enfants m’ont tellement apporté ! Ils ont changé ma vie. Mais pas seulement d’un point de vue organisationnel, ce qui est déjà pas mal en soi. Ils ont changé toute ma vision du monde.
Revenir à l’essentiel
La joie, le moment présent. Ils ont apporté de la joie dans les petites choses. Ma Ninjette est un drôle de numéro et c’est à hurler de rire de l’entendre chanter « libérée, délivrée » du haut de ses 2 ans et de sa prononciation très approximative. Ils m’ont fait prendre conscience que ces moments-là sont précieux et volatiles. Si on ne prend pas le temps de les voir, ils disparaissent. Je me suis attachée à détecter ses instants de bonheur. Et pour cela il a fallu que je simplifie tout dans mes pensées pour laisser de la place.
Si je m’inquiète pour ma réunion de demain, impossible de voir ces moments précieux. Je suis trop occupée dans ma tête à me projeter dans le futur. Il a donc fallu que je stoppe toutes mes pensées parasites. Et je pense que tu sais à quel point c’est un travail très duuuuuuuuuur. Savourer le moment présent, voilà une leçon qu’ils m’ont apprise. Savourer ce moment où je peux profiter d’avoir MON bébé dans le cou, ça ne dure pas longtemps, 3 mois maximum. Après ils grandissent et c’est fini ce moment. Je l’ai donc savouré de tout mon être. Quel privilège d’avoir ma fille notamment (car elle sera mon dernier enfant) dans mon cou. Sentir comme elle s’abandonne dans mes bras enveloppée de sécurité, de tendresse et d’amour.
Ils m’ont fait comprendre quelle était ma place dans ce monde
Ou plutôt ils m’ont fait comprendre que je courrais après des choses qui étaient inexistantes ou que je me posais des questions inutiles. J’étais très attachée à « paraitre » la personne que je voulais que les autres voient en moi. C’est terminé, maintenant je simplifie au max : je suis et puis c’est tout. Je me disais aussi que j’étais quelqu’un de spécial et que donc je devais faire des choses spéciales. C’est terminé, maintenant je simplifie au max : je fais et puis c’est tout. Je pensais aussi que si l’être humain avait été créé c’est pour accomplir quelque chose de spécial dans ce monde. Que nous existions pour un but. C’est terminé, maintenant je simplifie au max : l’être humain existe et puis c’est tout. Mine de rien, ça fait beaucoup de place dans la tête de supprimer tout ce bruit pour rien !!!
La conclusion de ma réflexion est que oui, si c’était à refaire, je ferais des enfants.
Mais mon autre conclusion est qu’une vie sans enfant peut être très heureuse. Avant j’avais cette vision, un peu inventée par la société, que le bonheur ne pouvait se trouver que dans une vie de famille avec mari, enfants et chien. Bon bah clairement non !
Sarah ROUYER pour l’Association Oze
http://www.semerlesgraines.fr/
Comments are closed