Rendre à l’enfant sa dignité : la méthode Montessori

Rendre à l’enfant sa dignité : la méthode Montessori

Maria Montessori est un médecin italien, versée dans la psychologie, la biologie et la philosophie. Elle débute son parcours en s’occupant d’enfants déficients mentaux. Elle dira d’eux qu’ils ne sont pas des « hors-la-loi », qu’ils ont des droits qu’il s’agit de faire respecter et fera fabriquer du matériel spécial à leur intention.

 

La question sociale de l’enfant

Maria MontessoriMaria Montessori est d’abord amenée à travailler avec des enfants mentalement déficients, elle veut en faire des citoyens ayant les mêmes droits que chacun. C’est la même réflexion qu’elle mène auprès de tous les autres enfants qu’elle côtoie plus tard, dans les couches les plus modestes de la société, puis dans la bourgeoisie. Le constat est partout identique : on traite l’enfant comme « le dérangeur de l’adulte fatigué par des occupations toujours plus pressantes ». Ces mots, elle les écrit dans L’enfant, premier ouvrage d’un cycle, au premier chapitre éloquent « La question sociale de l’enfant ». Avant donc de situer son discours sur le plan pédagogique, elle en fait un combat civique : l’enfant, dit-elle, est un extra-social que chacun traite comme bon lui semble en vertu du « droit de l’adulte ».

Avant même de penser réformer l’enseignement, il faut réformer la manière d’être de l’adulte, son comportement. Celui-ci se caractérise par deux défauts qui ne peuvent absolument pas cohabiter avec une pratique pédagogique : la colère et l’orgueil. Montessori reproche à l’adulte – maître ou éducateur – ce rapport de force dont il est conscient et qui seul lui permet d’agir avec l’enfant de manière dominatrice. « C’est un véritable soulagement pour nous, explique-t-elle, que de nous trouver devant des êtres incapables de se défendre, incapables de nous comprendre, comme les enfants, qui croient tout ce que nous leur disons. Non seulement ils oublient les offenses, mais ils se sentent coupables de tout ce dont nous les accusons ».

 

La maison des enfants

La voilà qui inaugure au début des années 1900 la Maison des Enfants, dans un quartier pauvre où les enfants sont livrés à eux-mêmes. Cette structure devait à l’origine servir à rassembler là des enfants en bas-âge, un refuge en quelque sorte pour leur éviter d’ « errer dans l’escalier », entre autre choses. Les débuts sont modestes, mais l’expérience s’étoffe peu à peu et le cadre aussi. Montessori là encore fait faire un matériel spécial, mais également des meubles… taille enfant. Les sièges, tables, rayonnages sont conçus afin que l’enfant puisse y accéder librement, sans aide aucune. On y trouve un coin cuisine, un autre de lecture, une armoire dans laquelle est rangé le matériel, une jolie pelouse dehors, et plus tard des fleurs.

C’est un véritable laboratoire qui s’ouvre là. Maria Montessori et une assistante, sont les seules adultes dans ce lieu. A force d’observation, elle tente de décrypter les comportements de l’enfant, allant au-delà des poncifs habituels. Elle relève les comportements récurrents et en tire quelques règles. Ainsi par exemple, l’enfant aime la « répétition de l’exercice » (il est absorbé par une tâche et se plait à répéter les mêmes gestes, encore et encore, jusqu’à satisfaction) ; il a son propre rythme ; il apprécie l’ordre, etc. C’est par ce travail d’observation et de synthèse que la Méthode Montessori naît, c’est au gré des évènements que tel exercice est inventé (tel que celui du silence), que tel trait caractéristique de l’enfance est découvert. Ce minutieux examen vise à démontrer que tout ce que fait l’enfant n’est pas puéril, ou du moins futile, mais au contraire lui assure une croissance harmonieuse.

 

Le développement de l’enfant

Il est question ici de l’enfant, mais il faut préciser que Montessori traite également de l’adolescent et de l’étudiant. C’est le développement de l’enfant jusqu’à ce qu’il devienne un adulte qui l’intéresse. Les questions relatives à la morale font leur apparition, notamment. Mais un autre thème la préoccupe, urgent : c’est celui de la paix, et de sa relation potentielle avec l’éducation. Là encore, pas seulement pour des raisons strictement pédagogiques. Montessori, qui meurt en 1952, aura vécu les deux guerres mondiales. Entre 1932 et 1939, elle prononce des conférences qui établissent un lien entre l’éducation et la paix. La véritable arme contre la guerre, ce ne sont pas les technologies belliqueuses qui se développent, c’est l’enfant qui aura reçu une éducation adaptée à son psychisme, à son rythme, à son âge… et dont on aura pris en compte les capacités et le pouvoir de croître selon des lois particulières qui seront le guide de l’éducateur.

Montessori fait donc la part belle au développement harmonieux de l’enfant, avant même de s’intéresser au contenu de l’enseignement qu’il reçoit. Non qu’il ne soit pas important, ce contenu, mais il ne sert à rien en lui-même si la manière de fonctionner de l’enfant n’est pas connue. L’enfant aime travailler, nous dit-elle. Mais elle rappelle également, qu’il existe différentes périodes dans le développement de l’enfant, dont des périodes dites « sensibles », qui correspondent à un moment où ses capacités sont particulièrement accrues. Cette période est passagère, une fois que l’enfant a acquis le « caractère » qui manquait à sa croissance, elle cesse. La croissance, loin d’être linéaire, est donc pour Montessori faite d’occasions à ne surtout pas manquer ; et le rôle de l’adulte est de ne pas chercher à contrarier le travail que l’enfant effectue dans ces moments, travail qui n’est dicté que par son besoin de grandir et de franchir une nouvelle étape de sa croissance.

 

A découvrir aussi, les deux autres articles du cycle sur les grands pédagogues :

Célestin Freinet

Rousseau

 

YR pour l’Association Oze

https://educationpositive-oze.fr

www.art-de-vivre-en-famille.fr