Sexisme dès l’enfance : exploration des origines

Aujourd’hui, dans notre monde occidental nous avons tendance à décrier le sexisme de pays dits moins avancés économiquement ou socialement parce que l’image des femmes qu’ils en donnent ou les actes barbares qui leur sont infligés font la une des médias. Mais ici même dans notre pays, nous maintenons ce que les spécialistes appellent « l’illusion de l’égalité » du fait de l’éducation que nous donnons à nos enfants …

Origine historique (anthropologique) du sexisme

Pour l’anthropologue Françoise Héritier, la discrimination faite aux femmes au cours de l’Histoire provient d’une vision binaire née du constat qu’il existe un sexe masculin et féminin. Cette vision s’est accompagnée pendant longtemps de l’idée que c’était l’homme qui était seul capable de féconder des garçons puisque la femme pouvait à la fois enfanter son propre sexe ou un enfant masculin. Lorsque les scientifiques ont prouvé l’erreur d’une telle croyance, nous sommes restés dans le moule masculin = dominant, féminin = dominé sans avoir cherché à corriger ces croyances. Croyances que nous continuons à transmettre à nos enfants, consciemment ou inconsciemment d’ailleurs…

Expression actuelle du sexisme dans l’éducation

Selon Brigitte Guimbal, rédactrice de PEPS (le magazine de la parentalité positive) et spécialiste des émotions, à la maison, à l’école, dans la société, l’enfant subit une oppression permanente : il doit obéir. Ce sont tout d’abord ces sources d’oppression et les modèles adultes qui vont déterminer le rôle de garçon ou de fille qu’il va tenir. Brigitte Guimbal explique de même que le garçon à qui l’on demande de ne pas pleurer « pour ne pas faire comme les filles », à qui on fait subir des brimades, moqueries et humiliations pour l’emmener vers son rôle d’homme et de domination aura moins d’empathie pour la femme, personne dominée. La connivence qui existe chez les filles cède la place chez les garçons à une rivalité masculine. Le garçon a besoin alors de reproduire une relation en dehors du cercle purement masculin et il la cherchera dans la relation amoureuse ou même purement sexuelle. En acceptant son rôle de dominant, le garçon croit qu’il a pour rôle de protéger les filles.

Et même si on a l’impression de bien faire et de ne pas éduquer son fils comme un futur macho, il est rare de ne pas l’emmener vers un schéma sexiste dès sa plus tendre enfance avec le choix des jouets qu’on lui offre … Costume de super héros, armes en plastique, jeux de guerre vidéos : le garçon doit accéder à la puissance. Tandis que la fille se voit offrir des poupées à la plastique irréprochable, des poupons ou des ustensiles de cuisine qui développeront ce que l’homme attend d’elle : une ménagère belle et soumise.

Des pistes pour se débarrasser du sexisme

A ce sujet, des ateliers d’ethnologie en grande section de maternelle ont permis de mettre en évidence cette « sexualité » des objets et jouets que les enfants approchaient et de pouvoir échanger avec eux afin de les amener vers une découverte de l’autre sexe plus égalitaire. Pour en savoir plus : http://ethnoart.org/egalite-fille-garcon-maternelle/

Selon une tribune dans Cheek Magazine de Sophie Beaulieu (http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1513954-a-lire-en-maman-d-un-petit-garcon-je-laisserai-mon-fils-se-deguiser-en-princesse.html), celle-ci conseille également aux parents d’inciter leurs enfants à l’ouverture à l’Autre avec des jouets dits « de l’autre sexe » ou asexué car cela ne fera d’eux des êtres bizarres ou efféminés mais plutôt de futurs adultes ouverts à l’égalité et novateurs. Ce sont nous, parents, qui considérons qu’il existe des comportements de filles ou de garçons, mais une petite fille peut-être agitée et un petit garçon être calme et posé. Selon Françoise Héritier, seuls les êtres créateurs et novateurs peuvent aider la société à sortir de cette hiérarchie machiste.

Une clé à déverrouiller ?

Alors pourquoi, malgré certaines prises de conscience, ne sortons nous pas de ce schéma sexiste ? Parce que les hommes et les femmes (hé oui !) y trouvent un avantage… Pourtant selon Françoise Héritier, cette inégalité homme/femme est source de toutes les discriminations dans le monde. Alors si nous nous mettions chacun et chacune à expliquer aux enfants les bienfaits de l’égalité, commençons par nous-même… Eduquer, c’est montrer l’exemple.

Chrystel Viannay

Pour l’association OZE

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