Peur d’enfant : comment la comprendre et l’apaiser ?

La peur, nous pouvons la ressentir à chaque âge, mais ce qui nous fait peur prend souvent des allures différentes au cours de la vie. Depuis la nuit des temps, les humains ont été confrontés à la peur, sentiment né de la volonté de survivre et donc d’affronter le monde.

Dès la naissance, un bébé peut ressentir de la peur et chez l’enfant la peur peut se manifester de façon incontrôlée. C’est aux parents de l’aider à y réagir de manière adaptée. L’objet de cet article est d’apporter informations et solutions pour permettre aux parents de comprendre et d’apaiser les angoisses de leurs enfants.

peur de l'enfant

Qu’est-ce que la peur ?

La peur est une émotion causée par un danger réel ou supposé, ou par un désir plus ou moins fort d’éviter quelque chose de dommageable. Ici, nous n’aborderons pas les peurs pathologiques telles que la phobie. Nous nous contenterons d’évoquer la peur que tous les enfants ont à affronter chaque jour.

 

 

Y a-t-il une différence entre la peur chez l’enfant et chez l’adulte ?

Au niveau de l’émotion, il n’y a pas de différence. En revanche, ce qui change c’est la perception du danger et du risque. Un enfant aura par exemple peur d’une porte qui claque mais pourra jouer avec un objet coupant.

 

La peur du nourrisson

A partir du 3eme trimestre de gestation, le fœtus perçoit particulièrement bien la voix de sa mère et distingue aussi la vibration plus grave de la voix paternelle. In utero, le bébé est tout a fait capable de capter le stress ou l’anxiété de sa mère via notamment l’accélération du rythme cardiaque.

A l’inverse, chacun des moments où le nouveau né est sollicité avec bienveillance et confiance est assurément un moment d’expérience positive de la vie qui lui permettra de construire des liens sécures et d’éloigner la peur.

 

 

Les principales peurs ressenties par les enfants

La peur des inconnus et de la séparation

L’angoisse de séparation est une étape normale, attendue et nécessaire au cours du développement de tout enfant.

Il revient aux adultes de faire en sorte que le bébé réalise son aptitude aux attachements multiples. Plus ses parents lui permettront de rencontrer de « nouvelles têtes », plus vite il comprendra que même lorsque maman s’en va, elle revient.

Comment gérer l’angoisse de séparation ?

  • Prendre l’angoisse de votre enfant au sérieux
  • Le consoler quand on peut
  • Si vous n’êtes dans la même pièce, parlez-lui pour combler votre absence
  • Instaurer le soir un rituel de coucher
  • Inviter votre partenaire à prendre le relai pour consoler votre enfant
  • Faites des « au revoir » et des moments de départ des moments simples, rapides et détendus
  • Lui apprendre à mettre des mots sur sa peur
  • S’appuyer sur les livres qui parlent des différentes peurs de l’enfant suivant son âge

 

La peur de l’école

Le refus anxieux d’aller à l’école peut se manifester par des crises de larmes, des troubles du sommeil, des vomissements, maux de tête, diarrhée, etc.

La plupart des spécialistes s’accordent à dire que l’école elle-même est rarement la cause de la peur. Il parait donc utile de procéder à de discrètes investigations pour comprendre quelle est la cause exacte : un camarade, l’enseignant, la cantine ? En gardant à l’esprit que, bien souvent, c’est sa façon de ressentir la situation qui met votre enfant dans cet état émotionnel, rarement la personne directement incriminée. Il faut aussi savoir que les enfants sont particulièrement sensibles aux ambiances familiales. L’enquête est à mener également de ce côté là.

Que faire en cas de refus scolaire?

Il est important pour les parents concernés d’en parler et de consulter sans tarder. L’approche thérapeutique doit être adaptée à chaque enfant et à chaque situation en tenant compte des facteurs qui sont à la base de ce trouble. Dans la majeure partie des cas, il faut veiller à maintenir le lien avec son école et avec les petits camarades.

 

La peur de l’échec

Il s’agit typiquement d’une peur induite par les parents ou par le milieu familial. Le contexte économique et social actuel fait peur à tout le monde, surtout aux parents. Afin d’éloigner le spectre du chômage et de la pauvreté, chacun veut donner à ses enfants le meilleur enseignement, les meilleures chances de « s’en sortir ». Et cela est plus que légitime.

Là où il faut être attentif c’est de garder une distance avec la pression ambiante. Le respect des règles de comportement en société et d’apprentissage sont une nécessité. Par contre, les systèmes d’évaluation drastiques et l’esprit de compétition peuvent nuire aux progrès de l’enfant.

Comment aider son enfant ?

  • Examiner les méthodes de travail de l’enfant
  • Echanger avec ses professeurs
  • Favoriser par le biais de thérapies cognitivo-comportementales les exercices de relaxation
  • Réviser vos propres attentes concernant votre enfant
  • Faire comprendre à l’enfant que votre amour pour lui ne dépendra jamais de ses notes scolaires
  • Valoriser ses points forts
  • Encourager sa créativité

 

La peur du ridicule

C’est une peur qui peut empoisonner la vie. Si elle n’est pas prise en compte rapidement, cette timidité maladive risque de perdurer durant toute sa scolarité et d’empêcher l’enfant de mettre en action ses aspirations légitimes. Le manque de confiance en soi est généralement à l’origine de cette peur et le plus souvent la crainte de l’échec est un élément majeur du refus de participer.

Que faire pour aider son enfant à apprivoiser cette sensation ?

  • L’emmener au cirque
  • Aider l’enfant à adopter une nouvelle posture
  • Rire de ses maladresses et l’accompagner à faire ses premiers pas vers l’humour.

 

La peur d’aller dormir et peur du noir

Dans l’obscurité, l’enfant perd tous ses repères. La frontière entre le réel et l’imaginaire semble s’effacer. L’obscurité est le moment où tout ce qui est familier disparaît. Et bien sûr, cette peur a quelque chose à voir avec la peur de la mort. La peur de la mort peut coïncider avec l’entrée dans la phase œdipienne chez votre enfant.

Quelques conseils:

  • Aller voir votre enfant quand il est en pleurs dans sa chambre
  • Vérifier avec lui qu’il n’y a personne sous son lit, dans l’armoire ou derrière la porte.
  • Vérifier que les vêtements mal rangés ou tout autre objet ne soient pas source de l’angoisse ; que leur ombre ne produise pas des « monstres »
  • Dites par exemple : maman et papa n’autorisent pas les monstres chez eux.
  • Comprendre sa peur et lui permettre de la verbaliser le lendemain
  • L’aider à apprivoiser sa peur  (veilleuse, lampe de chevet, etc.)
  • Instaurer un rituel pour calmer votre enfant au moment du coucher
  • Utiliser un « spray à sorcières » : un flacon qu’on peut remplir simplement d’eau que l’on vaporise dans la chambre avant le coucher en l’accompagnant de phrases rassurantes.

 

La peur du divorce

Tout enfant doit être assuré d’avoir été voulu et conçu par un homme ou une femme qui s’aimaient alors intensément, et qu’il sera au centre de leurs préoccupations pour leur vie entière.

Pour pallier à cet avenir inquiétant que faire ?

  • Mettre en place une garde « bientraitante »
  • Assurer à votre enfant que lui même n’a rien fait de mal
  • Eviter de dénigrer l’autre parent
  • Ne pas demander à l’enfant de prendre parti
  • Donner à l’enfant le moyen de joindre l’ex conjoint
  • Assurez le qu’il aura sa place dans cet autre domicile, par exemple il disposera d’une vraie chambre.

 

Cauchemars et terreurs nocturnes

Il est essentiel de différencier un cauchemar d’une terreur nocturne car l’attitude à adopter n’est pas la même dans chacune de ces deux situations.

Si l’enfant s’éveille en pleurant avant l’heure normale du lever, si un peu de lumière et des paroles apaisantes suffisent à le rendormir, il a simplement fait un cauchemar.

En revanche, s’il hurle de peur, yeux ouverts, dans les premières heures de sa nuit sans voir ni entendre ses parents affolés avant de reprendre sa nuit comme si de rien n’était, il s’agit d’une terreur nocturne.

En cas de cauchemar l’objectif est :

  • d’apaiser son enfant  (allumer la lumière, le bercer, veiller à ce qu’il ait son doudou)
  • lui proposer de parler de son rêve
  • fabriquer une boite que vous proposez à votre enfant le soir pour y déposer ses peurs
  • faire des petits exercices de relaxation
  • éviter les films et les images violentes avant de dormir, surtout si ils ne sont pas adaptés à l’âge de l’enfant.

En cas de terreur nocturne :

  • Ne pas réveiller l’enfant
  • Rester détendu
  • Faire attention à ce que l’enfant ne se blesse pas
  • Faire une tentative pour le prendre dans vos bras
  • Contacter votre pédiatre si la terreur nocturne survient plus de deux fois par semaine.
  • Utiliser des huiles essentielles qui permettent une meilleure détente.

 

La peur de la mort

Vers l’âge de 4 ou 5 ans, la peur de la mort peut paraître chez l’enfant.

Autrefois, les enfants assistaient « en direct » à la mort de leurs grands-parents, et des rites aidaient à y faire face. Notre époque médicalise et dissimule la mort. Aussi les parents se sentent démunis face aux interrogations de leurs enfants.

Quels outils ?

  • Entendre et répondre à ses questions honnêtement
  • Adopter le « parler-vrai »
  • Lui demander aussi de communiquer sur sa représentation de la mort. Selon l’âge, cette représentation évolue
  • Ne pas dramatiser ni apporter des détails qui provoqueraient une angoisse de séparation chez l’enfant
  • Amener l’enfant à l’enterrement d’une personne qui compte pour lui, même si il vous semble jeune
  • Parler de votre tristesse et le faire parler sur ce qu’il ressent
  • L’amener à faire un dessin ou à écrire une lettre à la personne décédée.

 

Pour aller plus loin, vous pouvez vous reporter aux ouvrages de Patricia Chalon Les peurs de l’enfant ou Stephan Valentin Les angoisses chez l’enfant.

Meera ALBRECHT pour l’Association Oze

www.oze-coaching.fr