Mes émotions, mes réactions, celles de mes enfants – 2/3

Dans un premier article (cf. ce lien), nous avons exploré la nature et le rôle des émotions. Il est temps de la distinguer de deux autres réactions et de savoir comment vivre avec chacune.

Distinguer « émotions », « réactions émotionnelles parasites » et « stress » chez mon enfant

Une émotion « primaire » est en lien direct avec ce qui vient de se passer :

  • Votre enfant est frustré de ne pas avoir pu continuer de jouer avec son copain au parc et de devoir rentrer à la maison. Il se met en colère suite à cette frustration.
  • Votre enfant est triste parce qu’il a perdu son chat. Il pleure suite à cette perte.
  • Votre enfant a peur et est surpris parce qu’un gros chien aboie. Il recule, crie, et se réfugie dans vos bras, etc…

émotions réactions circulerLes émotions primaires sont des réactions adaptatives qui viennent de l’intérieur pour s’exprimer à l’extérieur. La décharge de l’émotion est à écouter : pleurer, ça fait du bien ! La possibilité de décharger suffit à faire passer l’état émotionnel qui ne dure pas plus de quelques minutes. A la différence des réactions parasites.

Un exemple de réaction émotionnelle parasite :

Vous vous attablez pour le goûter et, en donnant un gâteau à votre enfant, il se casse. Votre enfant fond en larme à la vue du biscuit cassé et a du mal à s’en remettre : la réaction est alors démesurée et vous semble étrange et inappropriée au regard de la situation. Vous vous dites « il est très triste »… Mais  c’est en fait probablement une réaction parasite. Précédant cet épisode du biscuit cassé, votre enfant a peut-être vécu tout un tas de chose durant sa journée à l’école, dont des émotions, du stress. Il n’a pas forcément pu les évacuer sur le moment, et les a probablement réprimées. Il suffira ensuite d’un déclencheur pour que ce mélange d’émotions et de stress ressentis et restés en tension en lui durant la journée, lâche en fin de journée… sous forme de pleurs inconsolables, de crise de « colère ».

C’est parce que ce déclencheur aura lieu dans un moment où l’enfant se sent en sécurité, par votre présence rassurante, qu’il va se permettre de lâcher ses tensions. Il ne s’agira pas là ni de tristesse ni de réelle colère à proprement parler. Il s’agit de l’expression et de la tentative de décharge d’un état de tension mêlant stress et diverses émotions de la journée. Dans ce cas, il est plus juste de lui dire : « oh la la, tu as dû avoir une rude journée ! Il s’est passé beaucoup de chose aujourd’hui. Ça n’a pas dû être facile pour toi. Maman/papa est là pour toi. » Vous pouvez le serrer dans vos bras, ou rester prêt de lui de façon chaleureuse, compréhensive et soutenante.

Donner à son enfant les clés de ses réactions parasites

Une fois que votre enfant est apaisé, il est bon d’explorer avec lui la cause réelle de son mal-être. Accompagnez-le à identifier les émotions « primaires » à l’origine de son ressenti. Il est important de se rappeler que derrière chaque comportement réside un besoin. A la différence des émotions « primaires » qui, une fois accueillies et déchargées, passent facilement, ces réactions parasites impliquent en tant que parents de s’interroger :

  • émotions réactions circulerest-ce que mon enfant est vraiment en train de pleurer pour ça ?
  • qu’est-ce qui se passe vraiment ?
  • de quoi mon enfant m’a-t-il parlé avant ? 

Et le stress ?

Vous êtes au supermarché avec votre enfant, après la journée d’école et de boulot. Il y a du monde, du bruit, beaucoup de lumière. Arrivé à la caisse, votre enfant finit par se rouler par terre en hurlant. Il n’est pas en colère ; il est sous stress dû à un ensemble de facteurs : sur-stimulation, fatigue, empêché de toucher… Cette réaction n’est en rien un « caprice ».  C’est un débordement de stress qui agite son corps de la tête au pied sans qu’il puisse le gérer.

Il a probablement besoin d’être contenu, qu’on le prenne dans les bras en le serrant avec amour et fermement. Pour que la décharge d’adrénaline et de cortisol due au stress laisse la place à l’hormone de « l’amour » : l’ocytocine. Cette hormone va lui permettre de s’apaiser et de retrouver son calme. Ce qui est souvent très difficile à faire pour l’adulte lui-même en état de stress… N’hésitez pas, si possible, à demander un coup de main à un autre adulte. Choisissez juste un adulte qui vous semble compatissant dans ces moments de détresse de l’enfant et du parent.

Quelques outils pour retrouver son calme :

  • Respirer
  • Souffler, dans une paille !
  • Bouger
  • Boire un verre d’eau ou à la bouteille
  • Demander un câlin
  • Faire rouler une balle sous le pied
  • Sauter sur un trampoline
  • Courir dehors
  • Aller faire une promenade

Quand intervenir ?

Il est bon d’amener ces « techniques » dans les moments « hors crise », où l’enfant est calme. C’est encore plus efficace par le jeu. Par exemple, lui apprendre à souffler dans une paille. Ou lui montrer l’exemple : je suis en voiture, je m’énerve après un chauffard, je me mets à souffler, et je raconte : « oh la la maman est très énervée, maman souffle ! » Cela permet d’intégrer et de visualiser concrètement la possibilité de se calmer quand la pression monte. La respiration est notre meilleure alliée !

De la même façon, que ce soit au moment de la décharge d’une émotion, de l’expression d’une réaction parasite ou d’un état de stress, toute la partie explication, dialogue, question… à votre enfant devra attendre que son corps se soit calmé et que vous le sentiez réellement apaisé. En effet, dans ces moment d’intensité émotionnelle, on dit qu’il est sous l’emprise de son cerveau « droit », émotionnel, déconnecté du « gauche » plus mental/intellectuel. Donc ce dernier « n’entend rien » en quelque sorte. Lui demander de « réfléchir » quand il est en colère n’a donc aucun sens pour lui. C’est impossible… Expliquer, mettre des mots avec lui sur ce qui est arrivé sera le bienvenu dans un second temps, une fois l’orage émotionnel passé. Pour mieux comprendre cela et découvrir des outils, le livre de Daniel Siegel Le cerveau de votre enfant, est une très bonne ressource.

Vous retrouverez de manière approfondie des explications et des ressources également dans les ouvrages d’Isabelle Filliozat j’ai tout essayé et de Catherine Gueguen vivre heureux avec mon enfant. Notons que ces distinctions entre stress, émotion et réaction parasite existent également chez nous adultes.

 

La relation aux enfants : particulièrement « activatrice » de nos réactions parasites 

Et nous dans tout ça ? Nos propres réactions émotionnelles parasites constituent souvent nos zones de fragilités et d’immaturité émotionnelle. On peut avoir l’impression que l’enfant nous « cherche », « pousse les limites ». En réalité, l’enfant étant principalement en quête de sécurité dans son lien aux adultes, ces espaces fragiles et souffrants l’inquiètent. Inconsciemment, il appuie sur le bouton de ces zones dans l’espoir d’être finalement rassuré. Ce sont pour nous les indicateurs de ce que nous avons à explorer, conscientiser et prendre soin. Plutôt que de penser que l’enfant joue à appuyer là où ça fait mal volontairement.

Lorsque votre enfant exprime une émotion, elle peut facilement vous renvoyer à la manière dont vous avez été reçu dans vos propres émotions, à l’âge que vous aviez à l’époque. Alors pas toujours facile d’être l’adulte mature, bienveillant, compréhensif et accueillant dans ce qui se rejoue là… Alors ?

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Céline Eliot, pour l’association OZE
Psychothérapeute et coach
Créatrice et animatrice du collectif EDUCATION EN CONSCIENCE à Marseille

www.facebook.com/psychotherapie.celine.eliot