Fratries et jalousie : quand le besoin d’attention devient source de tensions !

Vous avez plusieurs enfants ? Alors vous connaissez certainement cette situation où l’un d’entre eux exprime sa jalousie lorsque vous vous occupez de ses frères et sœurs ! Comment gérer cette situation ? Nous allons d’abord voir comment le comprendre.

 

Frères et sœurs pour la vie : partager ses parents sans jalousie ?

Je vais d’abord vous parler de ma nièce. Elle a 3 ans et demi, et depuis le 29 janvier 2019, elle « fait face » à la présence d’un petit frère. J’emploie volontairement l’expression « faire face ». Car c’est vraiment cette impression-là que j’ai eue au début, lorsqu’elle découvrait que le bébé dans le ventre de sa maman prenait autant de place une fois sorti. Et en effet, dès la maternité, lorsque sa maman s’approchait pour câliner son petit frère, sa réaction était immédiate : elle se jetait sur lui, avec des gestes parfois très brusques !

Mais d’où vient donc cette jalousie ? Tout d’abord, il faut savoir que chez les enfants de moins de 6 ans, elle n’est pas ressentie comme « jalousie », ce sentiment étant encore abstrait pour les enfants en bas âge. Il s’agit plutôt de la peur d’être oublié, liée au besoin d’être considéré autant que son petit frère/sa petite sœur. Une peur certes injustifiée à nos yeux d’adulte, mais bien réelle dans le cœur de l’enfant.

Quand un nouvel être occupe l’attention de ses parents, l’enfant en bas âge ressent cette peur. Elle peut au fil des années se transformer en sentiment d’injustice, voire de rejet. Cela peut arriver si malgré ses demandes d’attention, il a le sentiment d’en recevoir toujours moins que l’autre enfant. Dans cette situation, la peur d’être oublié se manifeste parfois par les bêtises que l’enfant va faire pour attirer l’attention de ses parents.

Le risque est que cela devienne récurrent, si l’enfant finit par déduire que son seul moyen d’avoir de l’attention est de mettre ses parents en colère. Il faut garder à l’esprit que ce comportement, chez un enfant en bas âge, n’est pas conscient, mais bien subi. Et avant tout lié à un besoin : celui de recevoir l’attention inconditionnelle de ses parents. Il en est de même pour les plus grands enfants, qui seront généralement capables d’exprimer leur jalousie de façon plus claire. Mais ce n’est pas toujours le cas. Certains enfants plutôt introvertis n’iront pas exprimer leur besoin d’attention, gardant leurs sentiments pour eux.

Mais je ne peux pas me diviser en deux, ni en trois, encore moins en quatre !

jalousieCe qui compte, c’est que votre enfant sente que vous faites de votre mieux pour lui accorder votre attention. Il faut qu’il comprenne qu’il est spécial pour vous, au même titre que chacun de ses frères et sœurs. Pour cela, vous devez être vigilant dans votre rôle de parent, à appliquer les règles de la maison de façon juste. Si une bêtise entraine une conséquence pour l’enfant, cela doit être le cas aussi pour ses frères et sœurs. Cela ne veut pas dire qu’il faut réagir exactement de la même manière avec chacun.

En effet, en fonction de son âge et de sa personnalité, chaque enfant a des besoins différents. Il est donc nécessaire d’adapter votre réaction à ses besoins spécifiques, lorsqu’il a enfreint une règle commune. De plus, la confiance de votre enfant passe par les mots que vous lui direz et les gestes que vous lui montrerez, pour le rassurer sur l’importance qu’il a pour vous. Un « je t’aime », un calin, une attention particulière, sont des rituels à offrir à chacun d’entre eux. Pour éviter justement qu’ils se sentent oubliés, mis à l’écart par rapport aux autres.

Accorder de l’attention à chacun demande donc du temps, de l’énergie et surtout : de l’organisation ! En fonction des évènements quotidiens, vous ne pouvez pas systématiquement accorder toute l’attention dont aurait besoin votre enfant. C’est pour cela qu’une organisation me paraît nécessaire. Afin de réserver des moments privilégiés avec chacun. Toutefois, vous pouvez aussi improviser une activité commune, avec toute la fratrie, pour casser la routine quotidienne. Cela peut permettre d’apaiser les tensions entre eux, et de renouer la complicité entre frères et sœurs.

 

Organiser des temps privilégiés : viser l’équité, et non l’égalité !

En termes d’organisation, le mieux est de prévoir chaque semaine au moins 20 minutes de temps privilégié pour chacun. Cela signifie que vous vous consacrez individuellement à votre enfant. Sans risque que ce temps soit interrompu ou annulé. Pour cela, l’utilisation d’un planning avec vos enfants peut être un moyen de les rassurer. Ils savent quand vous leur accorderez ce moment d’attention, et cela est une sécurité pour eux. Si vous suivez ce rituel chaque semaine, sans faillir, ils auront certainement moins peur d’être oubliés. Et les histoires de jalousie entre eux diminueront.

Il n’est pas nécessaire d’être à cheval sur la durée de ces temps privilégiés. Elle peut être adaptée en fonction de votre enfant. Là où il faut être rigoureux, c’est dans la prise en compte des besoins et des sentiments de votre enfant. Certains auront besoin de plus d’attention que d’autres. Et c’est à partir de là que vous pouvez vous ajuster et aménager votre emploi du temps. L’équité est donc le principe à suivre. Chaque enfant a droit à son temps d’attention individuel, en fonction de ses besoins. Cela est différent de dire : 25 minutes chrono pour chacun, une fois tous les 3 jours.

Enfin, gardez à l’esprit cela : si vous avez promis un moment privilégié à votre enfant, alors vous devez tenir cette promesse. Sinon, vous risquez de provoquer chez votre enfant de la colère (envers vous) et de la jalousie (envers ses frères et soeurs), cette fameuse peur d’être oublié.

 

Soyez attentif : vous pouvez vous faire du bien

En bref, restez vigilant à ce qu’exprime votre enfant, notamment lorsqu’il se comporte mal envers ses frères et sœurs. La jalousie n’est pas toujours évidente à reconnaître, elle passe parfois par la colère, la tristesse, le mépris, la méchanceté… Afin de l’éviter, vérifiez si vous offrez suffisamment d’attention à votre enfant au quotidien. Ou si au contraire, vous êtes pris dans une routine qui ne vous laisse pas l’occasion de vous rendre disponible pour lui. A partir de là, vous pourrez adapter votre emploi du temps afin de lui accorder des temps privilégiés, qui lui feront sans doute beaucoup de bien (et à vous aussi !).

 

Laura BALLEYDIER pour l’Association Oze