Hypersensibilité : maladie ou chance ?

Enfant, on vous définissait peut-être comme quelqu’un de « timide », « introverti », « émotif » « réservé » ou encore « susceptible »… Si la réponse est oui, alors vous faites peut-être parti de la famille des « hypersensibles ».

Mais comment qualifier l’hypersensibilité ? S’agit-il d’une maladie ? Et comment la reconnaître? Peut-on vivre avec ?

1/ L’hypersensible : ce super-héro !

L’hypersensibilité est un terme issu de la psychologie. D’après les dictionnaires, être hypersensible signifie avoir une sensibilité plus haute que la moyenne. Une sorte de super-héro doté de facultés exceptionnelles en somme !

Bien que longtemps méconnue, elle fait écho de nos jours, au travail de recherches de certains psychologues et psychiatres de renom comme Carl Jung, Elaine Aron ou encore plus récemment Saverio Tomasella. Il existe également une journée nationale consacrée à l’hypersensibilité qui a eu lieu le 13 Janvier dernier.

D’après les recherches menées par la psychologue et psychothérapeute Elaine Aron (elle même hypersensible), une personne sur cinq naît hypersensible. Les caractéristiques que l’on retrouve chez la plupart des hypersensibles seraient les suivantes :

  • extrêmement consciencieux et perfectionnistes
  • ont une capacité à se concentrer profondément
  • plus habiles que les autres à percevoir les erreurs et à les éviter
  • doués pour les tâches qui exigent de la vigilance, de la précision ou de la rapidité
  • profondément touchés par l’humeur et les émotions d’autrui

hypersensibilitéElaine Aron ajoute : « beaucoup d’hypersensibles sont souvent des travailleurs particulièrement créatifs et productifs, des partenaires attentifs et réfléchis et des individus doués intellectuellement. » D’ailleurs, on dit souvent d’eux que ce sont des originaux et qu’ils ont une imagination extrêmement fertile qui leur vaut d’être doués pour les arts et notamment pour la musique.

Il semblerait donc qu’il n’y ait que des avantages à naître hypersensible ? Et pourtant… Si certains hypersensibles ont appris à composer avec leur sensibilité, d’autres en revanche ont plus de difficultés.

 

2/ Un Handicap ?

Parmi les hypersensibles, certains n’assument pas leur différence et souffrent d’une mauvaise estime d’eux-mêmes. Ils peuvent aller jusqu’à sombrer dans la dépression, le burn-out, les drogues…

Alors, être hypersensible, est-ce que ça se soigne ? Pour quelles raisons la sensibilité serait-elle perçue comme un handicap chez certains ?

D’après les psychologues, il ne faut pas voir l’hypersensibilité comme un handicap. Elaine Aron dit « la sensibilité est tout sauf un défaut ». Carl Jung, quant à lui, précise que c’est un caractère enrichissant qu’on ne peut pas considérer en lui même comme pathologique ou alors il faudrait faire de même avec ¼ de l’humanité.

hypersensibilitéDes explications scientifiques ont permis de démontrer que tout comme la couleur des cheveux ou des yeux, l’hypersensibilité serait un trait de caractère. L’origine viendrait d’un système nerveux très sensible et d’une activité plus prononcée dans l’hémisphère droit du cerveau. Il n’existe donc pas de traitement ni de « coloration » pour tenter de camoufler son hypersensibilité. La solution reste encore d’accepter cette différence. Nous vous donnerons des astuces un peu plus loin.

La seconde raison pour laquelle l’hypersensibilité peut être perçue comme un handicap vient directement de l’environnement dans lequel la personne évolue, qu’il soit culturel ou physique. Prenons par exemple le cas de l’Occident. L’hypersensibilité n’y est pas toujours la bienvenue car nos modes de vies encore basés sur le capitalisme nous obligent à être le meilleur, le premier… partout et pour tout. En Orient où les modes de vies sont radicalement opposés (en symbiose avec la nature, plus lent…), l’hypersensibilité est au contraire un compliment.

L’environnement direct peut également influer de façon négative sur la vie d’un hypersensible. Comme déjà précisé plus haut, celui-ci ressent tout de façon exagérée et ce, en toute occasion. Ainsi, il est évident qu’un lieu hyperstimulant (bruit, lumière, poussières…) ne conviendra pas et ne fera qu’épuiser nerveusement un sujet hypersensible.

 

3/ Apprivoiser son hypersensibilité

De par leur constitution, nous savons que les hypersensibles ont des besoins différents. Si vous faites partie des 1/5, voici quelques conseils de base pour composer avec votre hypersensibilité.

La première chose fondamentale est de ne pas s’oublier au détriment des autres. Il faut apprendre à se dégager du temps et prendre soin de soi. Des loisirs peu stimulants et souvent individuels sont très importants pour un hypersensible. Cela passe par la lecture d’un livre, du jardinage, une activité artistique ou créative….

Du calme et beaucoup de repos sont également indispensables à une bonne hygiène de vie si l’on ne veut pas tomber dans l’épuisement nerveux. Commencer par respecter son rythme naturel et aller se coucher dès que l’on ressent les premiers signes de fatigue est un premier pas. En plus d’une bonne nuit de sommeil, il est également important de prendre des moments de pause dans la journée pour siester, se détendre, se relaxer.

S’adonner à la méditation, au yoga, écouter de la musique, prendre un bain… sont des activités bienfaisantes pour le corps et l’esprit et permettent de calmer les émotions. Si l’on se sent dépassé par une situation, des compléments comme les fleurs de Bach, les huiles essentielles, des exercices de respiration… peuvent être utilisés afin d’acquérir un sentiment de sécurité et une force intérieure dont les hypersensibles ont grand besoin.

Côté nutrition, il est préconisé de limiter les excitants comme la caféine par exemple (la plupart des hypersensibles y sont très réceptifs) et de prendre des vitamines, des minéraux et du magnésium pour aider à lutter contre le stress et l’hyperstimulation.

Au travail, si vous avez besoin de concentration, il vous sera plus facile d’aller vous isoler dans un bureau fermé plutôt que d’être confronté aux distractions d’un open space (bruits environnants, discussions des collègues…).

Un dernier conseil est de savoir prendre du recul avec soi-même. Un hypersensible peut avoir des émotions incontrôlables et décuplées en toute occasion que celle-ci soit positive ou négative. Devant des réactions démesurées, il faut savoir rire de soi-même.

Emilie MIDROUET pour l’Association Oze