Vérité ou dissimulation. C’est un sujet qui finalement s’impose à moi par rapport aux événements extérieurs : mensonges dissimulation et/ou vérité au niveau politique et la peur de la famille à dire la vérité par rapport à la maladie ou au contraire à la disséquer dans ses moindres détails plus ou moins morbides et intimes.
Et donc je m’y «colle» et je vous propose cette réflexion toute personnelle et donc ma vérité.
Ma vérité
En tant que maman solo, notre devoir (le vôtre et cela a été le mien) est d’exprimer votre vérité le plus justement et le plus simplement possible
- Par rapport à la séparation et au divorce:
«J’ai choisi de quitter ton papa parce que ce n’était plus possible pour moi. Je l’aimé. Je ne l’aime plus. Mais il reste ton père, il t’aime. Eviter le discours destructeur: «Ton père, c’est un C… ou c’est un manipulateur pervers narcissique.» Le problème n’est pas que ce soit vrai (de votre point de vue 🙂 ) ou faux. Votre vérité n’est pas la leur.
La vérité apparaîtra tôt ou tard : les enfants comprendront petit à petit en fonction de leurs expériences et dans leurs ressentis, pas de votre vision des choses et à travers vos lunettes. C’est leur père et cela sera toujours le cas.
Mais ils pourront plus tard conserver la relation ou pas, maintenir un dialogue ou pas. Ce sera leur décision et donc leur vérité.
Soyez donc modérée dans vos propos et si votre avis compte, c’est un point de vue et pas forcément celui de vos enfants: vous pourrez toujours en discuter avec eux quand le moment sera venu et quand cela sera nécessaire.
- En cas de deuil et de séparation non choisie :
Il est difficile parfois d’exprimer sa propre souffrance. Et la volonté est grande, pour la maman devenue veuve, de protéger ses enfants et de leur épargner de la souffrance. Et donc de ne rien dire, de se cuirasser et de s’enfermer dans des «obligations» réelles de travail et de soins aux enfants et pour la maison. Bref assurer le quotidien, la tête dans le guidon. Et dissimuler, éviter la vérité.
Oser parler même de sa souffrance
Une maman me l’a avoué l’autre jour, 10 ans après la mort accidentelle de son mari. «Je n’ai rien dit…Je n’ai pas parlé.» Pas par lâcheté. Non. Par peur de craquer ; il lui fallait tenir bon. 2 jeunes enfants et continuer à vivre malgré l’absence brutale, la séparation douloureuse et incompréhensible.
10 ans après, cette femme vient de lever le couvercle de la chape de plomb qui était sur ses épaules et sur son cœur.
10 ans après, cette femme vient de trouver la force de dire sa vérité.
Comme par miracle, sa fille et elle ont pu en parler et se dire combien elles souffraient toutes les 2, chacune dans sa vérité et un dialogue commun.
Se plaindre : est-ce dire sa vérité ?
Se plaindre peut être parfois utile pour se soulager et pour être écoutée face à un thérapeute par exemple. Cela peut être un comportement utile à un moment donné mais qui ne peut pas se poursuivre dans la durée.
Pourquoi ?
Parce que se plaindre c’est se complaire dans un rôle de victime (et donc rechercher un sauveur qui va nous sauver de notre drame mais va peut-être par la suite nous diriger, nous imposer sa façon d’être, de vivre… un bourreau en puissance). Cela vous parle ?
Parce ce que cela vous empêche de trouver des solutions et donc de reprendre votre vie en main. Car si vous ne pouvez pas changer le passé, vous pouvez créer votre avenir.
Et donc dans un premier temps faire le constat de vos «erreurs» et de les reconnaître:
- «J’ai eu tort de me marier avec lui » et de faire la part des choses «Mais j’ai eu de beaux enfants.» Donc oui le mariage peut être un échec et les enfants une réussite.
Il peut y avoir 2 points de vue et donc 2 vérités.
- «Je n’ai pas réussi ma vie de couple avec votre père mais je suis contente que vous soyez là.»
- «C’est vrai, je ne vous ai pas parlé à la mort de votre père, je n’ai pas pu. C’était trop difficile; j’ai fait au mieux, ce que je croyais bien pour vous. Mais maintenant, je peux te parler. Ce n’est pas encore facile, mais j’essaie. Et tu peux m’aider, tu veux bien?»
La vérité n’est pas immuable, elle peut évoluer, changer et s’adapter…
Dire ou ne pas dire ?
C’est le plus difficile et cela demande un vrai travail d’auto-observation.
Pour cela, je vous propose de prendre un cahier : moi je préfère les grands cahiers. Vous pourrez y noter vos réflexions, vos ressentis et vos hésitations. Cela libère la tête et peut vous aider à voir autrement. Vous pourrez lire et relire, modifier, changer et prendre du recul. Et quand ce sera prêt dans vos mots à vous et votre vérité, le plus près de qui vous êtes en vrai, alors vous serez prête à en parler.
Peut-être alors allez-vous avoir la bonne surprise que c’est l’autre qui viendra vers vous… et vous pourrez répondre en toute franchise, avec simplicité parce que cela sera le bon moment pour vous d’en parler…
Parfois aussi vous rendrez vous compte que le plus important n’était peut-être pas de dire à l’autre mais de vous le dire à vous, de regarder votre vérité en face et avec honnêteté : pourquoi je veux le dire? Pourquoi je veux me taire?
C’est un long chemin parfois semé d’embûches certes, mais tellement riche de libérations possibles et bénéfiques. C’est ce que je vous souhaite : de belles trouvailles en vérité.
Roselyne MOUROT pour l’Association Oze
http://www.accords-equilibre.fr
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